Imaginez un état guidé par l’esprit d’aventure, le rejet d’une existence stérilisée et l’attrait pour le karaoké. Comment se nomme-t-il? Mad Jacques, une référence à Jack Kerouac, parsemée de folies tout en conservant un aspect très français. Qui sont ses dirigeants ? Un chef d’horizon, un leader du bucolisme, un dirigeant des pagaies, un officier en charge des crevaisons ainsi qu’un spécialiste de guinguette. Qui sont ses habitants ? Les « jacquots », des urbains à la recherche de chlorophylle qui se rassemblent pour des escapades excentriques : à pied, à vélo, en auto-stop ou encore en canoë, en fonction du défi qu’ils ont décidé de surmonter. Leur destination ? Un hameau isolé, généralement dans une région française méconnue, avec une fête imprévue à la fin.
Chaque jacquot peut réciter par cœur la devise de leur communauté – « Pas besoin de gaspiller sa « dèm » et son empreinte carbone pour vivre l’aventure » – et porte un passeport marqué « République de Mad Jacques ». Le petit livret de couleur bordeaux propose, page après page, un assortiment d’expéditions disponibles à ses habitants. Le parcours va de la Loire, avec le défi « Recherche de la fourme ultime. Risque d’indigestion non négligeable », jusqu’au Mont Blanc avec le trek « Rando, ravito, raclette. Un week-end avec gigabanquet de fromage fondu à la clé ».
Il ne faut certes pas manquer la Creuse, le berceau original de la Mad Jacques, où se tient chaque année une compétition d’auto-stop rappelant une version améliorée de « Pékin Express », sans la présence des caméras. Cette manifestation réunit 3 000 duos faisant du stop sur des routes secondaires, culminant avec la plus grande fête de village en France. La Mad Jacques, bien que dépeint avec un passeport fictif, n’est pas un pays, mais une compagnie qui organise des expériences pour découvrir les zones les plus isolées de la France d’une manière respectueuse de l’environnement. Les mascottes de l’événement, appelées « les Jacquots », existent bel et bien.
« Détente absolue »
En septembre dernier, près de 500 personnes ont passé trois jours à parcourir à vélo les collines luxuriantes de la Mayenne et ses villages pittoresques, bravant la pluie et leurs préjugés sur ce petit département des Pays de la Loire, que nous peinions aussi à situer sur la carte avant de nous joindre à l’aventure. « Je vis à peine à deux heures d’ici et pourtant je ne connaissais rien de cet endroit ! » avoue Axel Domain, un ingénieur de Nantes de 33 ans.
Initialement attiré par le GravelMan – une course de vélo sur gravier sans assistance – il a trouvé que c’était un peu trop sportif et pas assez réconfortant. Mais la Mad Jacques offre un mélange d’effort physique et d’esprit convivial, avec des pauses sociables. Tout est prêt à l’avance, ce qui est parfait pour organiser un week-end sans stress. Comme il le souligne, on peut voir de nombreux groupes d’amis, les sportifs en tête, suivis par ceux qui aiment la campagne et finalement, les fêtards.
La fin de l’article reste à découvrir pour les abonnés.