Cet article a été tiré de la lettre d’information hebdomadaire « Darons Daronnes » dédiée à la parentalité, distribuée chaque mercredi à 18h. Pour vous y abonner gratuitement, cliquez ici.
Après un séjour chez ses grand-parents, ma fille ainée est revenue avec un arbre généalogique de sa fabrication dans ses bagages. De nombreux noms étaient groupés en paires sur des feuilles de formats A4 collées ensemble, illustrant quatre générations de ma belle-famille. Elle m’a alors sollicitée pour l’assister dans la création d’un semblable pour la branche de sa mère, une tâche dont je n’étais pas sûre de pouvoir assumer. Je dois avouer ne pas être en mesure de connaître au-delà de mes propres grands-parents, même leurs prénoms me faisant hésiter par moments. J’ai toujours trouvé la généalogie d’un ennui affligeant.
Néanmoins, je comprends l’intérêt que ma fille porte à ces choses. Connaître ses origines, se sentir ancré dans une lignée et trouver ses racines sont des sentiments précieux. Contemplant les noms notés à la hâte, je me suis interrogée sur leur histoire. Ma fille ne se contente pas de recenser des noms, elle veut les animer, faire émerger des personnages tridimensionnels de ses feuilles A4. Qui étaient en réalité ses arrière-grands-parents? Où ont-ils grandis, comment est né leur amour, quelles étaient leurs nourritures favorites? Comment ont-ils vécu les guerres?
La socioanthropologue Elsa Ramos, enseignante à l’université Paris Cité, invite ceux qui détiennent les réponses à réfléchir à une série de questions dans son nouveau livre. Intitulé « Un anthropologue dans ma famille, menez une enquête dont vos grands-parents sont les héros », l’ouvrage se veut à la fois généreux et ludique. Ramos partage son expertise avec ses lecteurs, leur expliquant comment l’anthropologie peut être utilisée pour étudier leurs propres familles.
Tout d’abord, il est nécessaire de définir son but : vous voulez en savoir plus sur votre grand-parent ? Partager une anecdote familiale ? Développer votre patrimoine familial ? Ces questions vont aider à décider qui sera le sujet de l’enquête. Bien que Ramos centre son livre sur les grands-parents, on peut également choisir d’autres membres de la famille, par exemple un parent ou un oncle, en fonction des circonstances.
Ramos, avec qui j’ai eu l’occasion de converser en ligne tout récemment, a partagé avec moi une belle pensée : « Mes grands-parents conservent des souvenirs de moi quand j’étais bébé, des souvenirs que je n’ai pas. Ils me connectent aussi avec ceux qui sont décédés, ceux que je n’ai jamais rencontrés. Ils sont un fil de vie ». En ce qui me concerne, je sens ce lien plutôt à travers mon père, mes oncles et tantes et mes tantes du côté de ma mère. Chacun choisit en fonction de ses propres désirs et de la structure de sa famille.
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