L’ingérence russe est à nouveau un sujet de préoccupation dans le déroulement des processus démocratiques en Occident. « Nous sommes en période électorale cruciale, surtout aux États-Unis, d’où l’intérêt grandissant pour l’intervention russe », déclare Maxime Audinet, chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire (Irsem), au quotidien Le Monde. Il a co-écrit avec Colin Gérard, docteur en géopolitique, une recherche approfondie nommée « Sous les radars » qui analyse les changements dans le système d’influence informationnelle russe depuis l’incursion russe en Ukraine en 2022. Cette étude, publiée le 7 octobre dans la revue Réseaux, décrit un système en constante évolution avec des ressources croissantes.
L’article souligne comment, face à la restrictions de l’accès aux médias russes en Europe et aux États-Unis (RT, l’ancien Russia Today, et Sputnik) depuis 2022, les acteurs de l’influence informationnelle pro-Russie « utilisent des méthodes plus discrètes et secrètes pour véhiculer leurs récits vers les publics occidentaux ». Ces campagnes sont généralement « déléguées par le gouvernement à des sociétés spécialisées dans les relations publiques et le marketing numérique ». Ces entreprises essaient de corrompre les influenceurs occidentaux afin de propager des messages favorables au Kremlin pour atteindre un public immense. De cette manière, le message est « blanchi » parce que l’origine russe et les intentions propagandistes sont cachées au public.
La stratégie de manipulation caractérisée par l’utilisation d’un domaine presque similaire à celui de sites Web de médias occidentaux renommés a été identifiée par les chercheurs. Ce phénomène connu sous le nom de « Doppelgänger » ou « double » en allemand, est attribué à trois entrepreneurs russes influents, Vladimir Tabak, Ilya Gambachidze et Alexeï Goreslavski qui sont tous financés par Centre S, l’unité d’influence de l’information de l’administration présidentielle russe. L’exécution de cette opération à travers des individus privés offre à l’État russe une plus grande agilité tout en lui permettant de refuser toute responsabilité, comme le soulignent les auteurs.
Un diagramme illustratif de l’article dévoile l’interaction entre les infrastructures étatiques et privées impliquées dans le dispositif d’influence de l’information russe, offrant un aperçu global. Bien qu’il soit mentionné que l’ensemble du système est contrôlé par l’État russe, il est évident qu’un tiers des acteurs fonctionnent dans le secteur privé. Ce secteur a longtemps été sous le contrôle de l’homme d’affaires russe Evgueni Prigojine, qui possédait un lien personnel avec Vladimir Poutine jusqu’à ce qu’il tombe en disgrâce et décède dans le crash inexpliqué de son avion en août 2024.
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