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9 octobre 2024 5 h 50 min

Zelensky en Croatie pour sommet

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Un conte journalistique: En lançant son attaque sur Koursk, l’Ukraine se transforme en une force d’occupation, une position jamais vue auparavant.

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Lettre : Un musée dédié au conflit avec la Russie voit le jour à Kiev.

Compte-rendu : Selon un document de l’ONU, des soldats capturés par les Russes ont souffert de maltraitances.

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Regardons comment Moscou et Kiev exploitent les drones.

Le conflit de drones entre la Russie et l’Ukraine a escaladé ces derniers mois, atteignant un niveau sans précédent. Conformément à une étude parue en mai 2023 par un groupe de réflexion britannique spécialisé dans les questions de défense, les Ukrainiens perdaient environ 10000 drones par mois sur le terrain de combat, soit un peu plus de 300 par jour. Pour contexte, l’armée française gère un total de juste plus de 3000 drones dans ses stocks.

Ukrainiens et Russes recourent majoritairement à de petits Véhicules Aériens Sans Pilote (UAV, selon l’acronyme anglais), de fabrication civile, économiques et largement disponibles. Ces derniers sont utilisés pour observer le terrain de bataille et diriger les forces ou les tirs d’artillerie. Certains sont également improvisés pour transporter de petites charges explosives, qui sont par la suite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, même en moins grande quantité, jouent un rôle crucial. Munis de charges explosives, ces UAV sont propulsés au-dessus de la ligne de front sans cible définie au préalable. La Russie emploie des drones russes du type Lancet-3 mais aussi des Shahed-136 d’origine iranienne. N’ayant pas une flotte militaire d’envergure, l’Ukraine défie l’adversaire avec des navires sans équipage, des petits kayaks téléguidés et remplis d’explosifs (450 kilos de TNT).

La valeur des drones pour leurs missions est manifeste puisque les Ukrainiens et les Russes ont pris des dispositions pour assurer un approvisionnement durable à leurs troupes. Ils acquièrent non seulement de nombreux drones civils sur le marché, mais ont également mis en place des capacités de production internes. L’industrie nationale ukrainienne a acquis de la force depuis le début de la guerre du Donbass, il y a dix ans. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a révélé qu’une réplique du drone russe Lancet avait été conçue et serait prochainement déployée sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie, quant à elle, est hamplée par les sanctions occidentales qui réduisent son accès aux composants électroniques. Néanmoins, d’après les services de renseignement américains, la Russie aurait initié la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga, pour y construire des drones-kamikazes modelés sur le concept iranien, tel que le Shahed-136.

Qu’en est-il des stocks de missiles russes?

Il s’avère très complexe, voire invraisemblable, de déterminer la composition actuelle de l’arsenal de missiles de l’armée russe. Les services de renseignement ukrainiens communiquent de temps en temps à ce sujet, cependant, il est conseillé de prendre leurs estimations avec des pincettes.

D’après les déclarations d’Andri Ioussov, représentant de la Direction Générale du Renseignement du Ministère de la Défense (GUR), faites sur Liga.net, l’armée russe avait une réserve d’environ 2 300 missiles balistiques et de croisière avant le déclenchement de la guerre, avec plus de 900 restants au début de cette année. A ces nombres, le représentant a ajouté une dizaine de milliers de missiles anti-aériens S-300 avec une portée approximative de 120 kilomètres, et une grande quantité de S-400, une version plus récente avec une portée trois fois plus grande. En aout, Vadym Skibitsky, le deuxième en commandement du GUR, a estimé le nombre de missiles avec une portée supérieure à 500 kilomètres à 585.

Quant à la capacité de production, elle se serait accrue pour atteindre environ une centaine de missiles balistiques ou de croisière chaque mois, selon plusieurs spécialistes. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

Par ailleurs, la Russie aurait obtenu des missiles à courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord, et continuerait de s’en procurer. Reuters, citant plusieurs sources iraniennes, déclare que depuis janvier, date d’un éventuel accord, 400 missiles iraniens de la série Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) auraient été livrés à la Russie. Le nombre précis de missiles achetés de la Corée du Nord est encore inconnu, mais selon le procureur général Andriy Kostin, 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024. Il est probable, selon l’analyse des experts sur les débris et les trajectoires, qu’il s’agisse des modèles KN-23 et KN-24, ayant une portée d’environ 400 kilomètres.

Et qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

En début août, l’Ukraine a accueilli ses premiers F-16, des avions de combat américains tant désirés depuis le commencement de la guerre. Oleksandr Syrsky, chef des forces armées ukrainiennes, a déclaré que l’utilisation efficace de ces avions contemporains contribuerait à épargner des vies ukrainiennes. Le président du Parlement, Ruslan Stefanchuk, a célébré l’arrivée du tant attendu avion de guerre, qui, selon lui, augmenterait sensiblement les capacités ukrainiennes.

Néanmoins, le 30 août, l’armée ukrainienne a annoncé que l’un des avions s’était écrasé pendant une contre-attaque à une agression russe massive sur le territoire ukrainien, causant la mort du pilote. Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, l’Ukraine insistait pour obtenir des F-16 américains. En août 2023, le président américain Joe Biden avait approuvé l’envoi de ces avions en Ukraine, bien que les États-Unis n’envoient aucun de leurs propres avions.

D’ici 2028, 95 avions sont promis à l’Ukraine par ses alliés : trente de Belgique, vingt-quatre des Pays-Bas, vingt-deux de Norvège et dix-neuf du Danemark. La Suède a également promis, fin mai, d’envoyer un avion Awacs, essentiel pour les opérations de renseignement et de coordination avec des F-16.

En outre, les pilotes ukrainiens doivent être instruits pour manier ces avions de combat américains. Onze pays alliés ont promis de prendre en charge la formation des pilotes ukrainiens.
Que contribuent ses alliés en matière de soutien militaire à Kiev ?

Deux années après le commencement du conflit majeur, l’appui occidental en faveur de Kiev est en déclin. En effet, de août 2023 jusqu’à janvier 2024, il a été constaté une diminution des aides récentes par rapport à la même période de l’année précédente, d’après le dernier rapport de l’Institut Kiel paru en février 2024. Cette situation risque de continuer, vu les difficultés du Sénat américain à approuver des aides, et les obstacles rencontrés par l’Union européenne (UE) pour faire passer une aide de 50 milliards le 1er février 2024, notamment à cause de l’opposition de la Hongrie. Notons que ces deux aides ne sont pas inclues dans le dernier bilan de l’Institut Kiel qui va jusqu’à janvier 2024.

Selon les données de l’institut Allemand, le nombre de bailleurs de fonds diminue et se centralise autour d’un groupe de pays : Les États-Unis, l’Allemagne, les pays du Nord et de l’Est de l’Europe, qui offrent à la fois une aide financière importante et un arsenal militaire sophistiqué. En tout, depuis février 2022, au moins 276 milliards d’euros ont été promis par les pays soutenant Kiev pour fins militaires, financières ou humanitaires.

En valeur brute, les nations les plus prospères ont été les plus magnanimes. Les États-Unis sont en effet les principaux donateurs avec plus de 75 milliards d’euros d’aide annoncés, dont 46,3 milliards d’euros pour l’aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont quant à eux déclaré des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives issues des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

Lorsque l’on examine ces contributions en relation avec le produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, la hiérarchie se modifie. Les États-Unis se positionnent au vingtième rang (0,32 % de leur PIB), suivant de loin des nations limitrophes de l’Ukraine ou d’anciennes contrées soviétiques alliées. Ainsi, l’Estonie s’établit en tant que leader des donations par rapport au PIB avec 3,55 %, devançant le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). Le reste du top 5 est complété par la Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %). Les trois États baltes, partageant tous des frontières avec la Russie ou son amie, la Biélorussie, sont parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit en Ukraine.
En considérant le classement en pourcentage du PIB, la France se place au vingt-septième rang, ayant contribué avec 0,07 % de son PIB, se positionnant juste après la Grèce (0,09 %). L’aide fournie par la France est en diminution constante depuis le commencement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France occupait la vingt-quatrième place en avril 2023 et la treizième au cours de l’été 2022.
Qu’est-ce que l’on connaît sur les tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Les relations entre l’Ukraine et la Pologne se sont détériorées ces derniers mois en raison de tensions liées au transit des céréales ukrainiennes. Au printemps 2022, pour faciliter la distribution et la vente des produits agricoles ukrainiens sans droits de douane aux régions de l’Afrique et du Moyen-Orient, l’Union européenne (UE) avait instauré des « voies de solidarité ». Cependant, la fondation Farm, un groupe de réflexion sur les problèmes agricoles mondiaux, affirme depuis le début du conflit, près de la moitié des céréales ukrainiennes sont acheminées ou terminent leur trajet au sein de l’UE. Cela a entraîné des perturbations sur le marché local de l’UE car ces céréales sont vendues à un prix bien inférieur au blé produit en Europe, en particulier dans les pays de l’Europe centrale.

En conséquence, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont décidé en avril 2023 de bloquer unilatéralement leurs importations de ces céréales, suscitant des inquiétudes quant à leur impact sur les revenus des agriculteurs locaux. Bruxelles a approuvé cet embargo à condition qu’il n’entrave pas le transit vers d’autres pays et qu’il ne s’étende pas sur plus de quatre mois. À la fin de l’été, Varsovie a choisi de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes, malgré le fait que Bruxelles ait jugé que l’embargo n’était plus justifié puisque les analyses ont révélé qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux de céréales.

Les fermiers de Pologne ont mis en place un blocage à la frontière avec l’Ukraine afin de stopper l’entrée des véhicules ukrainiens sur leur sol national. Ils demandent une interdiction totale des biens agricoles et alimentaires en provenance de l’Ukraine. Leurs griefs reposent sur l’augmentation significative de leurs frais de production, tandis que leurs installations de stockage sont surchargées et que les prix du marché sont très faibles. En 2024, le chef d’État ukrainien a exprimé que ce siège à la frontière polonaise indique un déclin de la solidarité envers son pays et a sollicité des discussions avec la Pologne. De plus, il a souligné que seul Moscou semble réjouir de ces disputes et a condamné l’émergence de slogans manifestement favorables à Poutine.