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8 octobre 2024 20 h 47 min

Gaza : décryptage de l’anéantissement

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Dans son livre, Giora Eiland, ancien chef de la sécurité nationale israélienne, a suggéré au cours de l’automne 2023 qu’Israël devrait rendre la vie à Gaza temporairement ou définitivement insupportable en réponse au massacre commis par le Hamas le 7 octobre. Cette proposition fut suivie rigoureusement par le gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahu. En effet, au sein d’une année, Israël a bombardé constamment la bande côtière de Gaza, détruisant tout sur son passage: maisons, écoles, établissements administratifs, centres culturels, terrains de jeux, usines et routes, pour ne citer que quelques exemples.

Plus de 41 000 Palestiniens ont été victimes de cette campagne de destruction, dont la majorité sont des civils. Tous ces faits sont documentés dans ‘Le livre noir de Gaza’, un travail collectif dirigé par Agnès Levallois, vice-présidente de l’Institut de recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient. Le livre contient environ soixante textes liés à Gaza, y compris des rapports d’ONG et des enquêtes journalistiques, organisés par thèmes et introduits par des experts dans chaque domaine.

Ces actes ont été dénoncés comme un « nettoyage ethnique ».

Ce texte est fondé sur la nécessité de mettre en évidence, d’authentifier les incidents et de combattre la « l’invisibilité » des habitants de Gaza et de leur douleur. Ce procédé, qui a rendu possible l’anéantissement extrême de la région côtière, a été alimenté par plusieurs décisions distinctes des autorités israéliennes : l’interdiction des médias étrangers d’entrer dans le secteur, la fermeture des bureaux de la chaîne Al-Jazira en Israël et en Cisjordanie, et le ciblage des journalistes à Gaza.

Mais ce silence également été instauré par des méthodes plus subtiles de contrôle du discours public dans les pays occidentaux en utilisant notamment « la rhétorique de l’intimidation par accusation d’antisémitisme », comme le souligne courageusement Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, dans la préface du livre. « Cette guerre a exterminé des êtres humains comme s’ils n’étaient que des fantômes », note Peter Harling, directeur de Synaps, un centre de recherche situé à Beyrouth, dans l’introduction d’un des chapitres.

Dans le segment dédié à l’armement de guerre, Guillaume Ancel, un ex-officier de l’armée française, questionne l’utilisation par l’armée aérienne israélienne des bombes de 500 kilos – et aussi de 1 000 – contre le vaste camp de réfugiés de la bande de Gaza. Grâce à l’accumulation de chiffres, des faits et des témoignages, Le Livre noir de Gaza expose l’intention discrètement poursuivie par le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou : « Une épuration ethnique, comme le soutient Agnès Levallois, qui vise, si ce n’est pas à exterminer physiquement les habitants de Gaza, au moins à provoquer leur exode permanent de leurs terres. »
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