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Djihadistes français veulent peine France

Dans les geôles irakiennes, quatorze ressortissants français affiliés au djihad sont en captivité, dont douze hommes et deux femmes. Appréhendés par les troupes arabo-kurdes entre 2017 et 2018 en Syrie, tous ces hommes, membres de l’Etat islamique (EI), avaient été renvoyés en Irak suite à un pacte discret orchestré par Jean-Yves Le Drian, qui exerçait alors en tant que ministre des affaires étrangères, un pacte qui avait soulevé des critiques de la part de la déléguée spéciale de l’ONU pour les droits humains. Les femmes, quant à elles, avaient été saisies par les forces armées irakiennes durant le conflit de Mossoul, où elles habitaient avec leur époux affilié à l’EI.

Après leur transfert à Bagdad, les hommes ont été emprisonnés, jugés et condamnés à la peine capitale pour leur association à une entité terroriste, provoquant une gêne à Paris. Les procès ont eu lieu en mai et juin 2019, durant une demi-heure chacun, sans défense ni interprète. Les inculpés soulignaient n’avoir jamais participé à des combats en Irak, mais plutôt en Syrie, et déclaraient avoir été torturés. Sibeth Ndiaye, alors porte-parole du gouvernement, affirmait que Paris ne contestait pas « l’équité de ces procès » qui s’étaient déroulés « dans de bonnes conditions avec une défense présente ». En juin 2023, les peines capitales ont été commuées en réclusion à perpétuité par la Cour Suprême fédérale d’Irak. Aujourd’hui, leurs conditions de détention font débat et ils sollicitent leur rapatriement pour purger leur peine sur le sol français.

Depuis 2019, à l’exception d’un individu emprisonné à Nassiriya, au sud de l’Irak, ces citoyens français sont retenus dans la prison d’Al-Russafa, à Bagdad. Djamila Boutoutaou et Mélina Boughedir, deux femmes françaises, purgent également des peines de vingt ans de prison depuis 2018. Peu importe la gravité de leurs infractions, la qualité de leur incarcération est horrifiante et dégradante, selon quatre avocats français – Matthieu Bagard, Marie Dosé, Chirine Heydari-Malayeri et Richard Sédillot – qui ont eu l’occasion de visiter leurs clients à deux reprises au cours de l’année écoulée, du 29 septembre au 3 octobre 2023 et du 20 au 21 février 2024. Ces avocats ont rédigé deux mémoires détaillés à l’attention des autorités françaises, que Le Monde a eu l’opportunité de consulter.
Pourriture alimentaire
À la prison masculine, ces avocats ont pu voir cinq des détenus français qu’ils représentent. Quatre d’entre eux sont confinés dans une cellule remplie de 108 à 123 prisonniers, en fonction de la période, dans un espace de 100 mètres carrés. Les détenus ne peuvent pas tous s’asseoir ensemble sur le sol. Ils sont forcés de dormir en groupe, sur des matelas malpropres placés directement sur le sol. Comme l’air conditionné de la cellule est en panne, on a demandé aux prisonniers de contribuer à l’achat d’un nouveau.
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