Le mercredi 14 août, G., une femme de 91 ans, avait décidé de mettre fin à ses jours dans l’après-midi. Elle avait invité chez elle Maryse L. et Guy L., un couple de 81 ans membres de l’association Ultime Liberté, qui plaide en faveur du suicide assisté et de l’euthanasie volontaire. Ce couple dirigeait l’antenne de cette association en Isère et avait déjà rencontré G. plusieurs fois auparavant. G. avait voulu que son fils unique soit présent lors d’une de leurs rencontres pour qu’il soit informé du protocole. Elle avait résolument décidé de la suite des événements et tout avait été préparé. Son fils avait demandé à être informé après les faits.
Ce mercredi d’août, G. s’est installée sur son lit. Maryse et Guy avaient apporté un antidote contre les vomissements, des somnifères et du nitrite de sodium en dose mortelle. Ils ont discuté un moment, Maryse massait les pieds de G., qui, avant de s’endormir, leur a dit qu’elle était ravie que son fils recommence à jouer de la clarinette. G. a vomi à trois reprises. Au troisième vomissement, elle a complètement recouvré connaissance. Guy a immédiatement appelé le fils de G. pour lui dire que ça n’avait pas fonctionné. Lorsque le fils de G. est arrivé quelques minutes plus tard, il a agressé Guy, puis appellé la police. Il a crié à la police : « Ils ont tenté de tuer ma mère ! Arrêtez-les ! ».
En détention provisoire, le couple de personnes âgées a tout révélé. Du sac à main de Maryse, elle a extrait un petit récipient en verre vide avec l’étiquette « nitrite de sodium. MORT », l’enveloppe contenant des somnifères, deux verres et un mouchoir. Le détective, qui parcourait son code pénal, paraissait troublé. « Qu’est-ce qui vous inquiète, Monsieur le commissaire ? » a demandé Maryse. Sa réponse a été: « Je ne sais pas où vous placer. »
Depuis le 16 août, le duo militant d’Ultime Liberté est sous enquête pour « exercice illégal de la pharmacie », « incitation au suicide par fourniture de moyens » et « publicité et propagande pour des produits, objets ou méthodes recommandés comme moyens de se suicider ». Ils risquent jusqu’à trois ans de prison. La justice est en cours d’instruction. Cependant, dans cette affaire de décès volontaire, tout est compliqué. Le débat public se mêle à la décision personnelle. Le désir d’une vieille femme, l’engagement militant d’un couple et la détresse d’un fils. Trois voix face au code de loi.
« La vie n’a plus aucun goût »
G. a été interrogée le jour suivant sa tentative de suicide assisté. Elle était chez elle, refusant d’être hospitalisée. « Je voulais partir. J’ai vécu une très belle vie. Je ne veux pas finir comme tous ces pauvres gens qui se retrouvent dans les Ehpad », a-t-elle déclaré. Elle a immédiatement exprimé sa préoccupation pour Maryse et Guy : « Je ne veux pas qu’ils aient de problèmes. Ils ont tout fait à ma demande. Ils m’ont fourni les produits, et je les ai consommés moi-même. »
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