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7 octobre 2024 11 h 47 min

Tebboune refuse visite à Paris

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Le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a rejeté l’idée d’un potentiel voyage en France lors d’une récente interview à la télévision ce samedi. L’idée lui semblait dégradante au vu des tensions renouvelées entre les deux nations. Tebboune, vainqueur des élections présidentielles le 7 septembre avec une écrasante majorité de 94,65% des suffrages, a déclaré : « Je n’irai pas à Canossa ». Cette phrase, popularisée par le chancelier allemand Bismarck à la fin du XIXe siècle, est une allusion à l’humiliation de l’Empereur Henri IV au XIe siècle, qui avait dû implorer la levée de son excommunication par le Pape Grégoire VII à Canossa.

Depuis mai 2023, la visite officielle du Président algérien en France avait constamment été retardée, elle devait finalement se produire entre la fin de septembre et le début d’octobre 2024. Cependant, suite à l’annonce de la France de soutenir le plan d’autonomie du Maroc pour le territoire contesté du Sahara occidental à la fin de juillet, les relations franco-algériennes se sont refroidies. En réponse, l’Algérie a souhaité rapatrier son ambassadeur en France et a réduit sa présence diplomatique dans ce pays.

Lors de cette même interview, le Président Tebboune a souligné les atrocités commises durant la colonisation française (1830-1962). Il a déclaré que « l’Algérie a[vait] été choisie pour le grand remplacement, le vrai », faisant référence à la substitution de la population locale par des européens, en usant de violence extrême et d’une armée commettant des actes de génocide. Tebboune caractérise la période coloniale comme un « génocide ».

M. Tebboune, le président algérien, a insisté sur la nécessité de reconnaître les horreurs commises en Algérie par la France. Il a souligné le drame de la population algérienne, qui est passée de quatre à neuf millions en 132 ans, décrivant cela comme un génocide. Il a mis en cause certaines forces en France qui entravent la progression de la réconciliation mémorielle.

M. Tebboune a également évoqué la question des essais nucléaires menés par la France en Algérie entre 1960 et 1966. Des documents publiés en 2013 ont révélé que ces essais ont laissé des niveaux élevés de radioactivité, touchant des régions allant de l’Afrique de l’Ouest jusqu’au sud de l’Europe. Le président algérien a exhorté la France à assumer ses responsabilités et à nettoyer ces zones.

Le chef de l’État algérien s’est par ailleurs prononcé sur l’accord Franco-Algérien de 1968 qui accorde un statut spécial aux ressortissants algériens en responsabilité de leur séjour et de leur statut d’emploi en France. Selon lui, cet accord est devenu une cible pour l’extrême droite française qui cherche à le démanteler. Il a évoqué le rejet en 2023 par l’Assemblée Nationale française d’une proposition visant à annuler cet accord.

Cet accord, signé en 1968 lorsque la France avait besoin de travailleurs pour soutenir son économie, exempte les Algériens des lois générales de l’immigration. Depuis lors, ils ne détiennent pas de carte de séjour en France, mais des « certificats de résidence ». Ces derniers ont la possibilité de s’installer librement pour exercer une activité commerciale ou une profession indépendante et obtenir plus rapidement qu’autres nationalités un titre de séjour de dix.

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