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7 octobre 2024 6 h 44 min

Pourquoi les Français aiment les arbres

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À première vue, personne ne penserait qu’elle soit prête à l’action. Françoise Sistel, une femme de 66 ans à la retraite et d’apparence frêle aux cheveux argentés, s’est installée à Provins, en Seine-et-Marne, à la recherche de la tranquillité. Même si elle est terrifiée et se sent coupable face à la crise climatique et à la disparition progressive de la biodiversité, elle n’a jamais pris part à un rassemblement ou rejoint une organisation. Cependant, aujourd’hui, cette ancienne policière n’écarte pas la possibilité de se chaîner aux arbres de sa ville. « Pouvez-vous imaginer l’effet sur l’image ? Je suis une vieille femme fragile… Ils m’ont réveillée, je ne compte plus me rendormir », affirme-t-elle d’une voix apaisée.
Le déclencheur est apparu dans sa boîte aux lettres. En juin, elle découvre dans le bulletin municipal un projet de « revalorisation » de la ceinture verte, une promenade étendue bordée de tilleuls, frênes, ormes et charmes, alignés comme un seul homme. Le plan comprend la mise en place d’une piste cyclable bidirectionnelle, la rénovation des berges et celle d’un vieux jardin horticole. Une note indique que 67 « sujets dégradés » seront coupés et 161 replantés. « La coupe des arbres, c’est la première chose qui m’a choquée », se souvient Françoise Sistel. « Je me suis demandée, est-ce moi qui suis hors de moi ou est-ce normal que je m’indigne de cela ? Si des arbres sont en mauvais état, ils doivent nous le prouver. »

Avec l’aide de son amie et de sa fille, elle a diffusé des flyers et lancé une pétition. Elle a obtenu un rendez-vous à la mairie, a interpellé les représentants locaux et a rejoint le Groupe national de sauvegarde des arbres, qui lui a fourni du soutien et des conseils. Elle a même envisagé de se servir de ses économies pour engager un avocat et entamer une procédure judiciaire.

« Les écureuils » contre l’A69
Dans plusieurs villes comme Provins, Le Mans, Houilles (Yvelines), Vincennes (Val-de-Marne), Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), Melun, Rennes, Lannion (Côtes-d’Armor), les résidents luttent contre la suppression des platanes ou des chênes de leur quartier, indépendamment de leur nombre. « Les écureuils », comme ils sont nommés entre Toulouse et Castres dans le Tarn, perchés sur de grands arbres le long du tracé controversé de l’autoroute A69, ont aussi essayé d’empêcher leur démolition, en vain. Ils ont été « décrochés » le 18 septembre par la gendarmerie. De la même manière, la coupe des arbres dans les forêts est de plus en plus contestée.

Ces manifestations locales sont parmi tant d’autres qui indiquent une préoccupation croissante de la société pour la préservation des arbres et des forêts. Immerger dans l’amour pour la nature qui s’est popularisé et se manifeste de diverses manières. Des actions citoyennes sont mises en œuvre dans les villes et les villages pour acheter ou gérer collectivement des forêts. Les thérapies basées sur la forêt, les activités d’escalade d’arbres ou d’accrobranche connaissent un essor. Les cabanes de forêt attirent toujours plus de touristes. Dans les librairies, les étagères débordent de livres pour enfants, romans ou essais consacrés à la thématique des arbres.

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