Le mercredi 9 octobre, lors d’une période économique difficile, le Mozambique a élu son futur président et parlement, malgré les défis persistants provoqués par le djihadisme dans le nord du pays qui entrave les avantages promis par les réserves de gaz naturel. On s’attend à ce que le Front de Libération du Mozambique (Frelimo) maintienne sa position dominante dans tous les postes de pouvoir importants, malgré les critiques et les divisions internes. Cela a été le cas depuis que le pays est devenu indépendant il y a cinquante ans. « Frelimo sera en tête, comme toujours », a confié Dulce Micas à l’Agence France-Presse (AFP) lors d’une réunion d’opposition à l’extérieur de la capitale, Maputo.
L’actuel président, Filipe Nyusi, qui a été élu il y a cinq ans avec 73% des voix contre 22% pour son principal concurrent de la Renamo (un ancien groupe rebelle devenu le principal parti d’opposition), ne peut pas se représenter pour un troisième mandat selon la Constitution. « Nous ne doutons pas que nous allons gagner! », a-t-il déclaré lors de la dernière réunion électorale du Frelimo.
Domingos Do Rosario, professeur de sciences politiques à l’université Eduardo-Mondlane, prévoit également que « rien ne changera, les résultats seront les mêmes », soulignant le manque de traditions démocratiques dans un pays aux fortes inégalités où le clientélisme est prédominant. Borges Nhamirre, de l’Institut d’études de sécurité de Pretoria, ajoute que « l’intégrité du processus électoral est un vrai problème. Les institutions à tous les niveaux – organes électoraux, tribunaux, police – vont manipuler l’élection. »
Daniel Chapo, âgé de 47 ans et sans expérience gouvernementale préalable, est probablement le futur président. Il a été un gouverneur provincial et est le candidat surprise du Frelimo. Sa victoire ferait de lui le premier président né après l’indépendance et le premier à ne pas avoir participé à la guerre civile. Borges Nhamirre, chercheur mozambicain, note que Chapo est relativement inconnu et que divers groupes chercheront à placer leurs propres ministres à des postes importants sous son gouvernement.
En opposition à Chapo, se présente Venancio Mondlane, qui est âgé de 50 ans et est un orateur doué qui apporte l’espoir au peuple, en particulier aux jeunes. Olga, une vendeuse de poisson séché de 30 ans espère que Mondlane sera élu. Si les élections étaient justes et libres, Mondlane aurait de bonnes chances de devenir le nouveau leader de l’opposition, toujours selon Nhamirre.
Toutefois, la Commission nationale électorale, dont le leader est un ancien évêque Anglican considéré comme étant trop favorable au pouvoir en place, pourrait attribuer à Mondlane seulement environ 10% des votes pour éviter d’éventuelles violences.
M. Do Rosario critique la commission, la qualifiant de ridicule et accuse celle-ci de manipuler les chiffres des électeurs. Selon lui, le nombre de 17 millions d’inscrits, sur une population totale et jeune de 33 millions, est illogique. Il exprime clairement son scepticisme envers ces statistiques.
Les élections municipales de 2023, qui ont grandement profité au Frelimo, ont provoqué des manifestations dans les grandes villes du pays lusophone situé en Afrique australe. Plusieurs pertes humaines, qualifiées d' »accidentelles », ont été causées par les forces de l’ordre. Domingos Do Rosario soutient que le Frelimo a fait main basse sur l’État depuis environ deux décennies et que la tricherie lors des élections est devenue courante. Il avertit qu’il y aura des protestations dans les semaines suivant le vote.
Le Mozambique, pays qui souffre grandement des effets du changement climatique entre cyclones destructeurs et sécheresses, demeure parmi les plus pauvres du monde. Un projet de gaz naturel dans le nord du pays est au point mort depuis 2021 en raison de violences perpétrées par des groupes armés djihadistes. Daniel Chapo a assuré, dimanche dernier, que le combat pour libérer le pays du terrorisme se poursuivra.