À Athènes, au cœur du commissariat d’Agios Panteleimonas, Muhammad Kamran Ashiq, 37 ans et originaire du Pakistan, a été retrouvé sans vie le 21 septembre. Il résidait en Grèce depuis deux décennies. Ses photos, illustrant son corps nu, maltraité et rempli de contusions, ont vite fait leur apparition dans les médias et sur les réseaux sociaux, provoquant la colère dans tout le pays. Le journal Efsyn, à tendance gauchiste, rapporte que le migrant a été « brutalement torturé » par les forces de l’ordre après avoir été successivement envoyé à travers cinq commissariats d’Athènes pendant plusieurs jours sans informer sa famille ou son avocat.
Le 18 septembre, Muhammad Kamran Ashiq a été interpellé suite à une plainte d’une femme qui prétendait qu’il l’avait suivie jusqu’à son domicile. Puis il aurait dégradé un lavabo dans le commissariat où il était détenu, selon le communiqué de la police. Il a immédiatement été présenté devant un tribunal et a été condamné pour « des dommages à la propriété d’autrui », un crime pouvant entraîner une peine de quatre mois de prison.
Selon les déclarations de la police, le lendemain de la condamnation, l’homme a été retrouvé inconscient dans sa cellule qui, contrairement aux autres zones du commissariat, ne possédait pas de caméra de surveillance. « Qui est donc responsable de ces nombreuses blessures qui l’ont laissé pour mort ? », s’est insurgée l’organisation antiraciste grecque Keerfa.
Un autre décès suspect…
Les détails fournis par la force policière grecque n’ont pas réussi à apporter des éclaircissements sur le sujet en question. Il reste encore à répondre pourquoi l’homme a été déplacé d’un poste de police à un autre, pourquoi il n’a pas été en mesure de contacter sa famille ou un avocat pendant une longue période, pourquoi le lieu où son corps a été retrouvé n’était pas sous surveillance, et pourquoi aucun soin n’a été prodigué malgré ses blessures. C’est l’observation de Kostas Arvanitis, un eurodéputé du parti de gauche Syriza. Ce parti a appelé à une enquête judiciaire pour déterminer s’il y avait des motivations racistes derrière ce crime.
Après une réaction intense de l’opposition, des ONG et de multiples manifestations devant le poste de police pour dénoncer les violences, le ministère en charge de la protection des citoyens a sollicité une enquête du Défenseur des droits sur les conditions du décès de la personne détenue et les possibles abus de la police, pour obtenir une « clarification complète et rapide ».
Cependant, avant que la situation ne puisse se calmer, un autre incident inquiétant a eu lieu dans un poste de police différent d’Athènes, à Omonia, connu pour ses mauvais traitements. Un immigrant bangladais de 29 ans a été trouvé sans vie dans sa cellule après s’être pendu avec un morceau de vêtement le 1er octobre. « La police rapporte un suicide dans une cellule où se trouvaient 11 autres détenus. Comment se fait-il que personne n’ait remarqué que quelqu’un voulait mettre fin à sa vie ? », se demande le Keerfa. Le bureau du procureur a ordonné l’ouverture d’une enquête sur ce cas également. La suite de cet article est réservée aux abonnés.
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