Malgré les efforts de rapatriement entrepris en 2022 et 2023, environ 120 enfants et leurs mères françaises affiliées au djihadisme demeurent dans les centres de détention kurdes situés au nord-est de la Syrie. Ce chiffre est préoccupant, d’autant plus que ces enfants grandissent et deviennent adolescents, voire jeunes adultes. Me Marie Dosé, un avocat militant pour le rapatriement depuis de nombreuses années des enfants de djihadistes français retenus en Syrie, déclare que « La France exige maintenant que ces femmes expriment explicitement leur volonté de rapatriement, qu’elles soient incapables ou réticentes à le faire ».
Selon Dosé, leur situation en Syrie équivaut actuellement à une punition pour les crimes commis par leurs parents. L’abandon de ces enfants et mères dans les camps de la Syrie du nord, gardés par les forces kurdes, pourrait nourrir leur radicalisation sous l’influence de leurs mères extrémistes. Accompagné de Me Matthieu Bagard, co-président de Avocats sans frontières France, et mandaté par le Conseil national des barreaux, Dosé a organisé un déplacement sur place à la fin d’août 2024 avec une délégation de sept grands-parents des enfants concernés. C’est la deuxième visite du genre effectuée en 2024.
Dosé a révélé que sur les 50 femmes qui ont refusé tout rapatriement jusqu’à présent, elles se répartissent en deux catégories: « Celles qui restent radicalement endurcies, et celles qui vivent dans la peur – soit des autres femmes, soit de la séparation d’avec leurs enfants une fois rentrées en France. » Bagard ajoute : « Au fil du temps, ce que je vois, c’est une situation qui se transforme et se détériore pour ces enfants. Ils souffrent, ils dépérissent ».
Les grands-parents qui ont souhaité garder leur anonymat lors d’une conférence de presse en septembre dernier dans le cabinet de deux avocats à Paris, se sont souvent retrouvés pour la première fois avec leur fille depuis qu’elle a quitté pour la Syrie au milieu de la décennie 2010. Ces grands-parents, membres des Familles Unies Collectif, plaident pour le rapatriement des enfants. Pour Laurent (un pseudonyme), « ces réunions auraient dû avoir lieu en France plutôt que dans un camp dégoûtant. Nos petits-enfants rêvent de la France. Le désir de revenir est clair ». « Ce fut à la fois un grand bonheur [de les revoir] et un déchirement de devoir quitter nos petits-enfants et de les laisser dans ce camp [de Roj], où ils souffrent et se fanent depuis six ans, sans protection, sans éducation et sans soins », a annoncé le collectif dans sa déclaration.
Les garçons les plus âgés, âgés de 12 à 14 ans, sont transférés par les autorités kurdes autonomes dans les centres de réhabilitation d’Orkesh et de Houri, ainsi que dans la prison d’Alaya. La délégation a rencontré cinq jeunes adultes et un adolescent français qui y étaient emprisonnés. « Leur état de santé est désastreux, leur rapatriement est une question de survie », a averti Me Dosé.
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