Le trafic sur les routes d’Alsace a été fortement perturbé le lundi 7 octobre suite à une manifestation de transporteurs et d’agriculteurs. La cause de ce mouvement social est l’introduction prévue d’une nouvelle taxe sur les poids lourds utilisant le réseau autoroutier régional, nommée « R-Pass ». L’adoption de cette mesure devrait être approuvée le 21 octobre lors de la réunion de la Collectivité européenne d’Alsace (CEA), un organisme regroupant les conseils départementaux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin depuis 2021. Ce système pourrait être mis en place dès 2027.
Malgré le soutien de 80% des Alsaciens pour cette taxe, selon une enquête commissionnée par le CEA, le secteur économique local s’y oppose fermement. Les manifestants et les chambres consulaires alsaciennes réclament le report du vote, initialement prévu pour le printemps.
L’idée d’une taxe pour les poids lourds en Alsace a été envisagée pour la première fois en 2005, lorsque l’Allemagne a instauré la sienne, appelée la LKW-Maut. En Alsace, à l’exception d’une portion de 24 km qui force les camions de plus de 3,5 tonnes à éviter Strasbourg depuis fin 2021, les autoroutes sont gratuites. Cependant, afin d’éviter la taxation croissante en Allemagne, le trafic de transit international s’est progressivement déplacé vers le réseau alsacien. Ainsi, chaque jour, environ 10 000 poids lourds utilisent les autoroutes A35 et A36, créant souvent des embouteillages sur les voies de droite avec des files de camions.
Suite à la hausse de taxe en Allemagne en début 2024, l’affluence s’est accrue de 18 %, correspondant à 1 490 véhicules supplémentaires par jour. Au cours de l’été 2024, la restriction s’est étendue aux camions de plus de 3,5 tonnes, ce qui a augmenté l’affluence de 30 % (précédemment, la mesure était limitée aux véhicules de plus de 7,5 tonnes). Le président Républicain (LR) de la CEA, Frédéric Bierry, s’est chargé de ce dossier dans le but de prévenir que l’axe Nord-Sud en Alsace ne devienne pas un « aspirateur à camions », bien que son action soit restreinte par les parties économiques concernées qu’il a toutefois incluses dès le début de son processus décisionnel. Au niveau national, le projet d’écotaxe, initiative clé du Grenelle de l’environnement, a été abandonné fin 2013 suite au mouvement des « bonnets rouges » en Bretagne. Cependant, M. Bierry souligne que le R-Pass est essentiellement destiné aux transporteurs internationaux.
Les propositions de l’étude d’impact commandée au cabinet Deloitte, qui recommandait une zone de 540 km et 19 centimes par kilomètre, ont été ajustées à la baisse suite à la consultation des secteurs concernés. Le projet est maintenant basé sur un total de 200 km à 15 centimes par kilomètre. « Nous cherchons à minimiser les conséquences sur l’économie locale, exonérer tout ce qui peut avoir un impact sur le territoire et compenser si nécessaire », a expliqué Frédéric Bierry, le vendredi 4 octobre, un jour après avoir rencontré le ministre délégué aux transports, François Durovray. Ce dernier a confirmé que deux catégories supplémentaires pourraient être exemptées : les coopératives agricoles et les entreprises de sylviculture.
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