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Tunisie : Kaïs Saïed, promesse verrouillée

Le candidat à sa propre succession, le président Kaïs Saïed, a appelé ses compatriotes tunisiens à participer massivement aux élections du dimanche 6 octobre pour éviter toute possibilité de régression. Il a affirmé, dans une vidéo diffusée le jeudi 3 octobre depuis son bureau de campagne, que c’est un moment crucial de l’histoire, et personne ne devrait avoir la moindre hésitation. Il n’a pas manqué de souligner, une fois de plus, ses mises en garde contre ses opposants, qu’il soupçonne de comploter contre les intérêts du pays, soutenus par des « forces étrangères ». C’était son unique discours en tant que candidat depuis le commencement de la campagne électorale.

Kaïs Saïed, un professeur de droit constitutionnel sans antécédents politiques, avait été élu président le 13 octobre 2019, en remportant 72,7 % des voix lors du second tour. Celui qui a été surnommé « Robocop » au début, à cause de son langage monotone et son visage impassible, est devenu, à l’âge de 61 ans, le deuxième président à être élu au suffrage universel direct lors des élections libres en Tunisie, succédant à Béji Caïd Essebsi.

Comment quelqu’un comme lui, sans affiliations politiques et sans expérience gouvernementale, a-t-il pu devenir le leader du pays ? Et encore, comment celui qui symbolisait l’intégrité et la droiture a-t-il viré vers l’autoritarisme après son acte de force majeur le 25 juillet 2021, où il s’est octroyé tous les pouvoirs ?

Kaïs Saïed est né le 22 février 1958 à Tunis dans une famille de la classe moyenne. Son père travaillait comme fonctionnaire pour le ministère des finances et sa mère, provenant de la bourgeoisie tunisoise, était mère au foyer. Saïed a passé son enfance à Radès, une banlieue au sud de la capitale. Il a fait ses études au collège Sadiki, un établissement prestigieux qui a produit des leaders d’État et des intellectuels de premier plan.

Selon l’essayiste Hatem Nafti dans son livre intitulé « Notre ami Kaïs Saïed, essai sur la démocrature tunisienne » (éd. Riveneuve, septembre 2024), Saïed est vu par ses supporteurs comme un « enfant du peuple » provenant d’un milieu modeste. Cependant, Nafti estime que cette représentation est légèrement exagérée. Saïed lui-même rappelle souvent qu’il vit à El Mnihla, un quartier populaire de la banlieue de Tunis.

Après avoir entamé des études en droit public, Saïed est devenu assistant de professeur, spécialisé en droit constitutionnel, sans avoir jamais défendu sa thèse. Il a poursuivi sa carrière académique à l’Université de Sousse, puis à la faculté de droit de Tunis. Il est marié à la juge Ichraf Chebil, une ancienne étudiante à lui, et ils ont ensemble trois enfants. Saïed est décrit par ses collègues et anciens élèves comme quelqu’un de convivial qui, malgré sa façade austère, inspire le respect.

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