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6 octobre 2024 6 h 49 min

Réouverture canal Rhin-Rhône divisée

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Près de l’écluse d’Artzenheim (Haut-Rhin), l’ancien canal du Rhône au Rhin s’écoule doucement vers le nord. Différentes variétés d’arbres, dont des érables, des aulnes et des marronniers, se trouvent sur les rives. Certains arbres, vieux de deux cents ans, sont majestueusement perchés au-dessus de l’eau, tandis que d’autres plus jeunes poussent sur les rives, parfois même dans l’eau, où des poissons minuscules nagent en zigzag. Des papillons et des libellules bleutées volent à la surface de l’eau. Beaucoup de cyclotouristes européens apprécient la piste cyclable qui longe le canal. Un tag sur un pont traversant la D111 prévient : « Ne touchez pas à mon canal sauvage! ».

Des travaux ont commencé en septembre pour rendre navigable une section de 24,5 kilomètres entre Artzenheim et Friesenheim (Bas-Rhin). Ouvert en 1933, le canal, qui relie la Saône, qui est un affluent du Rhône, au Rhin, mesure 375 kilomètres et est principalement navigable. La section alsacienne de 60 km a été partiellement abandonnée à partir des années 1960.

La nature a repris le dessus, transformant la région en un habitat pour des espèces comme le dormouse, la grenouille de Lessona, le grand mars butterfly, le chat de forêt et le linotte mélodieuse. Aujourd’hui, la région Grand-Est, qui possède le canal, prévoit de développer la navigation de plaisance dans la région. Il s’agit d’un projet de 46,5 millions d’euros, soutenu en partie par des fonds européens. À terme, le projet permettra à des bateaux de 5 mètres de se croiser. La région prévoit la traversée de six mille bateaux et des retombées économiques de 9 à 12 millions d’euros par an.

Des racines d’arbres endommagées.

Des groupes locaux d’associations alertent quant à l’impact potentiel de la restauration de la navigation sur l’écosystème de la véloroute du Rhin, aménagée en 2010. Un recours a été déposé par le cabinet d’avocats Huglo Lepage, à la demande de ces organisations, le 27 septembre, auprès du tribunal administratif de Strasbourg. Ces groupes critiquent l’absence d’autorisation de dérogation pour les « espèces protégées » et l’absence de mesures d’atténuation environnementale pour protéger les zones humides qui dépendent du cours d’eau et qui pourraient être dévastées; une préoccupation exprimée par Maître Théophile Bégel. Un rassemblement public contre ce projet est prévu le 5 octobre à Marckolsheim (Bas-Rhin), la principale ville sur le parcours du projet.

De l’inquiétude a été exprimée par Pascal Lacombe, du collectif Le Chaudron des alternatives, en pointant les arbres et les herbes le long du canal. De plus, Francis Guth, de l’association Porte du Ried Nature, craint les dommages causés par une augmentation du tirant d’eau, qui permettrait la navigation dans les deux sens. Il a expliqué que le canal a une fuite qui a engendré une zone humide le long de tout l’ouvrage. En augmentant le niveau de l’eau, les fuites vont probablement s’accroître. La solution proposée serait de creuser une tranchée de 5 mètres sous la piste cyclable pour l’imperméabiliser, avec quelques tubes ajoutés pour préserver la zone humide.