Nés dans différentes régions des États-Unis et même du Canada, ils sont mannequins et skateboarders, réalisateurs et acteurs, auteurs de musique, et poètes-rappeurs – des artistes multi-disciplinaires comme Ramy Youssef et Atlgrandma, et Mustafa Le poète. Leur point de convergence est Los Angeles. Dans leurs albums musicaux, leurs films et documentaires, et leurs écrits imprégnés de poésie brut, ils dépeignent avec vérité leur pays, explorant les tensions urbaines et le sentiment de déracinement. Ils fusionnent audacieusement les styles vestimentaires sous le Soleil de la Californie, créant une image harmonieuse mélangeant insouciance et sérieux. C’est une galerie de portraits aussi bien qu’une mode, capturée par Sam Rock.
En 2009, le Canada a fait la connaissance d’un jeune poète âgé de 12 ans, Mustafa Ahmed, grâce à une petite vidéo. Devant les blocs de briques des logements sociaux, ce jeune de stature svelte et d’origine soudanaise déclamait un poème a cappella, « A Single Rose », exprimant son désespoir face à la violence et à la pauvreté de Regent Park, son quartier de Toronto. » Ne me laisse pas être la seule rose dans ce parc en ruines », disait le jeune adolescent.
Maintenant, quinze ans plus tard, le jeune homme connu alors sous le nom de Mustafa le Poète, appelé simplement Mustafa maintenant, est devenu chanteur. Toutefois, il n’a pas abandonné son indignation contre les injustices. Sa voix et son accompagnement folk, émouvants de douceur, offrent un contraste frappant avec la dureté de ses mots.
Avec son premier disque, When Smoke Rises (2021), ancré dans le cadre urbain de sa jeunesse et l’évocation de ses amis disparus, l’artiste autrefois renommé comme le prodige de Regent Park élargit l’horizon de sa mélancolie par son deuxième album, Dunya. Dunya est un mot arabe qui signifie «le monde d’ici-bas». L’album reflète une réflexion empathique et une colère contenue, bien imprégnée de faits sociopolitiques et de dévotion mystique. Il est composé par un musicien folk musulman qui figure sur la pochette en djellaba blanche et chéchia verte.
Mustafa Ahmed, que nous avons joint à Los Angeles le 30 juillet, soit deux jours après son vingt-huitième anniversaire, affirme n’avoir plus rien à faire à Toronto. Pourtant, il n’a pas encore trouvé une autre ville pour s’installer. Il exprime qu’il ne souffre pas de cette vie de nomade. Selon lui, il se sent socialement et émotionnellement détaché de bien d’autres choses et le fait de ne pas avoir de foyer contribue à ce sentiment de déconnexion.
La manque d’enracinement fait partie de son identité. Ses parents ont fui le Soudan et la guerre dans les années 1990 pour se réfugier à Regent Park, le plus ancien complexe de logements sociaux de Toronto. Néanmoins, cet endroit, affligé par des fusillades et des guerres de gangs, ne ressemble pas à un havre de paix.
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