Le samedi 5 octobre, des centaines d’individus, dont un grand nombre de victimes féminines de violence, ont marché silencieusement avec des roses blanches, en soutien à Gisèle Pelicot à Mazan. Gisèle Pelicot, une femme de plus de soixante-dix ans de Mazan, une municipalité du Vaucluse, a été, pendant plusieurs années, soumise à des viols de la part de son mari et de nombreux inconnus qu’il avait sollicités sur Internet. Éloquemment, elle avait également été forcée à la consommation d’anxiolytiques. Ces actes ont été jugés en cour criminelle à Avignon depuis le 2 septembre.
Les organisatrices principales de la marche sont des femmes, également victimes de violence, qui sont en processus de rétablissement par le biais de l’équithérapie, à partir de l’association Isofaculté, instigatrice de cet événement.
Catherine Borel, une femme de 69 ans témoigne : « C’est la première fois que je manifeste. Je pense que c’est normal pour moi, une femme, de faire cela en considérant mon histoire ». « Ce procès est douloureux, dur, mais la bravoure dont cette femme fait preuve en rebâtissant sa vie est stupéfiante. Il permettra du progrès. J’ai été victime moi-même il y a trente ans, et on ne pouvait rien y faire. On n’a pas cru en mon témoignage sur les violences, et je me suis retrouvée à fuir par la fenêtre avec mes deux filles », elle poursuit.
Josiane Dolce, une dame élégante de 73 ans aux cheveux roux comme Gisèle Pelicot, confesse encore avoir « ici dans ma tête » les séquelles de la violence psychologique dont elle a été la victime. Ces deux femmes viennent de Carpentras, une ville proche. « Si d’autres femmes sont victimes dans la même situation, ayez le courage de le dénoncer, nous vous soutiendrons », ajoutent-elles.
Après avoir progressé pendant une heure sur une route secondaire jusqu’aux écuries de Mazan, les manifestants ont déposé leurs offrandes florales au pied d’un cœur en bois sur lequel était inscrit « Amour, empathie, vivre mieux ensemble ».
Lors du procès sur les viols de Mazan à Avignon, qui s’est tenu vendredi, des vidéos et des photographies ont pour la première fois été présentées au public. Cependant, cela n’a pas vraiment modifié la position des accusés qui ont pour la plupart persisté à déclarer qu’ils croyaient être impliqués dans une « mise en scène » libertine.
Suite à une intense discussion de presque deux heures entre toutes les parties concernées, la cour criminelle du Vaucluse, sous la direction de Roger Arata, a finalement décidé que ces images, qui font partie intégrante de ce procès symbolique contre la violence envers les femmes et l’utilisation détournée de substances stupéfiants, seraient montrées en présence des journalistes et du public.
Dominique Pelicot, qui a avoué avoir drogué sa conjointe, Gisèle, entre 2011 et 2020 dans le but de la violer lui-même et de permettre à plusieurs hommes recrutés sur la toile de faire de même, avait soigneusement conservé ces images. Leur diffusion vise à mettre les accusés face à leurs assertions. En effet, la majorité d’entre eux soutiennent qu’ils pensaient participer aux fantasmes érotiques d’un couple libertin ou qu’ils n’étaient pas conscients de l’état d’inconscience de Gisèle Pelicot.
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