Luis Vassy, âgé de 44 ans, s’est immergé dans son nouveau rôle de directeur de Sciences Po en se plongeant dans l’histoire de cette institution. Il a notamment lu une biographie d’Emile Boutmy, le fondateur de l’Ecole libre des sciences politiques en 1871. Lorsqu’il a appris que Boutmy était décrit comme un homme mince avec un strabisme léger par François et Renaud Leblond, les auteurs de sa biographie, Vassy a noté avec humour la similitude avec son apparence. Il commente en plaisantant, derrière ses lunettes : « Chacun peut en tirer ses propres conclusions ! »
Le mardi 1er octobre, Vassy a pris ses nouveaux locaux à la rue Saint-Guillaume à Paris. Avant cela, il était le directeur du cabinet de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné. Suite à l’approbation de la majorité des membres du conseil de l’Institut d’études politiques et du conseil de la Fondation nationale des sciences politiques les 19 et 20 septembre, il est maintenant à la tête d’une école qui compte 15 000 étudiants avec un budget de 250 millions d’euros. C’est une institution qu’il connaît bien pour y avoir été étudiant dans les années 1990, à l’époque où il suivait également les cours de l’Ecole normale supérieure de Cachan, avant de rejoindre l’ENA dans la promotion Sédar Senghor, celle-là même qu’a suivie Emmanuel Macron.
Suite à la démission de son prédécesseur, Mathias Vicherat en mars, mis en justice avec son ancienne partenaire sur des allégations de violences domestiques, puis l’Ecole a été secouée par des manifestations d’étudiants, suite à l’offensive d’Israël sur Gaza après une attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023, l’établissement aspire à tourner la page. L’ex-ambassadeur à La Haye de 2019 à 2022, a fait de l' »apaisement » son credo. Il a plusieurs projets en tête, dont la refonte des processus de recrutement, la mise en place d’une école dédiée à la gouvernance et aux politiques climatiques, et la formation des étudiants de licence aux méthodes de recherche en sciences humaines.
Luis Vassy, qui grandit dans un appartement HLM à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), rêvait de devenir architecte et passait son temps à dessiner des plans de maison. Plus tard, il s’est intéressé à l’informatique avant de se rendre compte que les opportunités offertes par une carrière diplomatique correspondaient à ses aspirations.
L’histoire de sa famille, les Vasilskis, est marquée par des ruptures, des départs forcés et des violences. « Mon père a modifié notre nom juif polonais d’origine en arrivant comme réfugié politique en France en 1974 », raconte-t-il. En 1930, son grand-père Abraham, qui n’était alors qu’un adolescent, s’est enfui du régime autoritaire en Pologne pour rejoindre Montevideo, en Uruguay, où son propre père vivait déjà.
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