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6 octobre 2024 13 h 44 min

Lourdes : défilé militaire international

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/ »Il n’y a rien de plus identique qu’un cortège militaire à un autre. Cependant, si l’observateur s’éloigne de trois pas, et que les lieux emblématiques de Lourdes – la basilique Notre-Dame-du-Rosaire, le sanctuaire de Notre-Dame et la grotte de Massabielle, où Bernadette Soubirous aurait rencontré la Vierge Marie en 1858 – font leur apparition en arrière-plan, la situation se complique. C’est une complexité qu’Anna Prokulevich, une photographe qui réside en France depuis une dizaine d’années, a voulu explorer.

La Biélorusse de 27 ans a découvert la ville mariale des Hautes-Pyrénées en 2019, à l’occasion de la sortie du documentaire Lourdes de Thierry Demaizière et Alban Teurlai. Ce film rend hommage à cette commune unique, ses pèlerinages, et le grand nombre de malades qui s’y rendent dans l’espoir d’une guérison. Stupéfaite, elle apprend que la ville attire plus de trois millions de visiteurs chaque année, et que soixante-dix miracles y auraient déjà eu lieu, selon le décompte officiel de l’Église. Elle est particulièrement choquée d’apercevoir des uniformes parmi la foule.

« Ces images ont résonné avec ma quête de spiritualité, mes croyances pacifistes, ma sensibilité envers les événements marquants de la société, et avec l’importance de l’actualité que je perçois souvent comme oppressante », dit-elle. Intriguée, elle décide d’entreprendre un projet sur le lien entre la guerre et la religion. Au printemps 2022, sans préconception, elle décide d’observer ce phénomène de près. « Je n’avais qu’un petit appareil photo avec moi, juste pour conserver des souvenirs », explique-t-elle. »/

Étonnée par le nombre d’uniformes qu’elle voit dans les rues de Lourdes, elle découvre qu’un pèlerinage militaire international y a lieu chaque année en mai depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour trois jours, des soldats provenant de plus de cinquante nations s’y réunissent avec l’intention, selon l’évêché des armées françaises, de « propager la clémence divine dans le monde militaire et d’accompagner les blessés ». Ce rassemblement à cette ampleur est inédit sur le globe.

Un endroit « bizarre et contradictoire »

En 2023, puis en 2024, Anna Prokulevich retourne à Lourdes, cette fois seulement équipée de son Mamiya 645. Elle cherche à comprendre ce que pensent ceux que le pape Jean-Paul II qualifiait de « gardiens de la paix ». Bien qu’elle n’a pas d’accréditation officielle, l’armée lui assure qu’elle peut travailler librement dans les zones publiques. Elle adopte alors la « tactique du serpent », une stratégie qu’elle employait quand elle était enfant, qui consiste à « s’approcher de quelqu’un sans jamais attaquer, en étant à la fois proche et distant ».

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