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6 octobre 2024 7 h 51 min

Le pouvoir papal transformé après François

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Giovanni Maria Vian, historien et ancien directeur du L’Osservatore Romano, le journal du Vatican, entre 2007 et 2018, estime que le catholicisme est à un tournant décisif de son histoire, notamment en raison de la deuxième assemblée plénière du synode sur l’avenir de l’Église qui a débuté en octobre. Actuellement, il est un journaliste indépendant qui offre des analyses critiques et érudites de la papauté et du Saint-Siège. Son dernier livre, Le Dernier Pape, en est une preuve.

Le titre de son livre, Le Dernier Pape, fait allusion à la prophétie de Malachie, qui aurait été écrite par un moine irlandais au Moyen Age. Ce texte contient une listes d’environ une centaine de papes, qui remonte au XIIe siècle et se projette jusqu’à un pape qui serait surnommé la « Gloire de l’Olivier ».

La prophétie se poursuit par une vision cataclysmique de la fin du monde, où un « Pierre Romain » règne pendant une période d’épreuves pour l’Église de Rome, avant que la destruction finisse par arriver à la « ville aux sept collines », après quoi un juge sévère rendrait son verdict sur son peuple. Selon l’ordre de la prophétie, Benoît XVI (1927-2022) serait la « Gloire de l’Olivier » et François serait le « Pierre romain » mentionné à la fin du monde.

Cependant, il est presque certain que ce document est un faux, probablement écrit en 1590. Il n’est mentionné nulle part avant cette date et semble avoir été rédigé pour appuyer un cardinal lors d’un conclave de cette époque. Il est également possible que son but était de contrecarrer la Réforme protestante en affirmant que l’Église catholique aurait de nombreux papes à venir.

Un journaliste allemand en 2016 s’est entretenue avec Benoît XVI, trois ans après sa démission. Bien qu’il n’ait pas adhéré à la prophétie, sa réponse a suscité mon intérêt. Il a souligné l’ampleur de la sécularisation européenne et son impact sur la transformation radicale du catholicisme. « Je suis déconnecté du monde d’autrefois, mais en réalité, le nouveau monde n’a pas encore véritablement pris forme », a-t-il noté.

Benoît XVI a admis que lui et son successeur ont été façonnés dans un catholicisme « traditionnel » qui est en voie de disparition. Le message fondamental, qui constitue également l’essence de mon livre, est que nous sommes à une période décisive dans l’histoire de l’Église catholique, et que le rôle papal ne pourra plus être assuré de la même manière après François.

Qu’est-ce que cela signifie réellement ? Quels sont les changements à prévoir ?

La structure du monde catholique repose sur la « primauté » de la papauté : le Pape est considéré « infaillible » et exerce officiellement un pouvoir absolu sur l’Église. Ce concept s’est développé dans l’univers latin durant les premiers siècles du christianisme. Toutefois, c’est en 1870, lors du premier concile du Vatican, que le dogme de l’infaillibilité pontificale a été établi. Pour certains, cela représentait une opportunité de diffuser une influence morale et spirituelle universelle, presque une manière de rééquilibrer le Saint-Siège après la perte des États pontificaux et du pouvoir séculier.

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