Initialement moquée et rejetée, la Phryge est devenue respectée et même adorée au cours des épreuves des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. C’est un succès sans précédent dans un pays moins habitué aux mascottes que les États-Unis ou l’Asie. Steve Knafou, 34 ans, le fondateur et directeur de création de Mascotte+, s’est spécialisé dans la conception de ces symboles pour différentes organisations. D’après lui, l’attrait de la Phryge va au-delà de sa « mignonnitude ».
Qu’est-ce qui fait une bonne mascotte ?
Il est largement admis qu’une mascotte devrait générer une sympathie. C’est correct, mais ce n’est pas assez. Une mascotte de qualité doit aussi véhiculer les valeurs de l’entité avec laquelle elle est associée. Elle doit soutenir un message. Par exemple, un hérisson accompagnant une éponge illustre parfaitement son côté abrasif. Un lapin qui représente une marque de batteries symbolise parfaitement l’énergie qu’elles produisent.
Par ailleurs, la mascotte doit aider à mémoriser la marque. J’aime à mentionner une étude de l’université de Pittsburgh [Pennsylvanie, Etats-Unis], qui a montré que 50 % des personnes qui ont vu une mascotte s’en souviennent trois mois plus tard, en comparaison à 5 % s’il s’agit simplement d’un logo. Enfin, la mascotte peut devenir une source de revenus grâce aux produits dérivés.
Est-ce que cela nécessite forcément un visage souriant ?
Il n’est pas nécessaire que toutes les mascottes portent une expression faciale, à l’image de Monsieur BIC. Cependant, la majorité des entreprises, soit 90%, préfèrent avoir une mascotte qui sourit. Ceci est dû au principe de mimêsis: nous ressentons les émotions qu’ils émettent, tout comme le faisaient déjà les masques de l’Antiquité. Un sourire a tendance à avoir un effet positif. Néanmoins, un sourire mal exécuté peut donner l’effet contraire et effrayer les plus jeunes. Personnellement, je souhaite transmettre des messages différents, comme la vitesse ou la modernité, plutôt que simplement la sympathie.
Peut-on styliser une mascotte de n’importe quelle forme ?
On distingue quatre types de mascottes : animal (tel qu’un écureuil), humain (comme Monsieur Propre), humanoïde (par exemple, le Bibendum Michelin), et enfin, des objets avec des bras et des jambes ajoutés. C’est le cas de la Phryge, des mascottes M&M’s, et celle du Happy Meal de McDonald’s. C’est peut-être pour cette raison que la Phryge a été si déconcertante lors de son lancement, car c’était la première fois aux JO qu’une mascotte était représentée par un objet plutôt qu’un humanoïde ou un animal. Théoriquement, les objets transformés en mascottes sont les plus enfantins. Ils sont populaires auprès des enfants car ils rappellent les proportions d’un bébé, avec une tête qui fait plus d’un tiers du corps.
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