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6 octobre 2024 4 h 49 min

Financement du Hezbollah en Afrique

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Dans la localité de Marcory à Abidjan, une tristesse silencieuse s’est installée suite au décès du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, mort dans une attaque israélienne le vendredi 27 septembre. Ce quartier, cœur de la diaspora libanaise en Côte d’Ivoire et situé à 5000 kilomètres de Beyrouth, a vu plusieurs de ses magasins rester clos, y compris la grande mosquée chiite Al-Mahdi.
Un entrepreneur d’origine ivoiro-libanaise, Elie, exprime modestement leur tristesse face à la situation au Liban. Comme pour les quelque 100 000 libanais résidant dans le pays, dont 80% sont chiites, parler du Hezbollah est une source de tension et mène souvent à un silence gêné.
Connu sous le nom de « Petit Beyrouth », personne dans ce quartier n’ose discuter du « Parti de Dieu » et de son influence. Cependant, son influence est indéniable. La plupart des chiites libanais en Côte d’ivoire, et en Afrique de l’Ouest en général, soutiennent indirectement l’effort de guerre du Hezbollah au Moyen-Orient par la pratique de la « zakat », une taxe informelle.
Par ailleurs, un entrepreneur maronite originaire du Cameroun a révélé, il y a quelques années, l’établissement d’une extorsion organisée auprès de la diaspora libanaise. « Si tu refuses de payer, tu es exclu de toutes cérémonies », a-t-il rapporté, sous l’anonymat.
La valeur totale de ces paiements reste méconnue, vu l’ampleur et la complexité du réseau. Au Liban, l’organisation, devenue un état dans l’état, a érigé une économie parallèle basée sur un important réseau de blanchiment d’argent associé au trafic de drogue, de diamants, de bois et d’armes en Amérique du Sud et en Afrique de l’Ouest. Ce réseau profite également du soutien tacite de sa diaspora.

Le Hezbollah, financé historiquement par l’Iran, reçoit environ 30% de ses revenus de pratiques mafieuses selon des données fournies par la Fondation pour la défense des démocraties (FDD), un groupe de réflexion néoconservateur basé aux États-Unis. Emanuele Ottolenghi, spécialiste du Hezbollah au sein de la FDD, indique que bien qu’il soit compliqué de chiffrer exactement, l’organisation pourrait générer plus de 300 millions de dollars chaque année grâce à la contrebande et le blanchiment d’argent.

Une importante partie de ces revenus proviennent d’Amérique du Sud via le trafic de drogues, tandis que l’Afrique de l’Ouest sert de plaque tournante pour le blanchiment d’argent. En effet, la forte présence de la communauté libanaise en Afrique de l’Ouest, dans les affaires et les milieux politiques, facilite ces activités illégales en soutenant la logistique du blanchiment d’argent et le transfert des fonds vers le Liban, précise l’expert. Les circuits souterrains du Hezbollah ont également des liens étroits avec les cartels de drogue en Colombie et au Mexique, puisqu’ils « blanchissent » une partie de leurs recettes en Afrique.

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