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Écart entre frères selon Louis

A l’origine, Edouard Louis a fait une entrée fracassante dans le monde de la littérature avec  » En finir avec Eddy Bellegueule » (Seuil, 2014), un récit autobiographique de sa jeunesse difficile au cœur du lumpenprolétariat en Picardie. Victime de violence familiale et de discrimination en raison de son homosexualité, Louis trouve son salut dans la lecture et l’éducation. Le livre a reçu un succès retentissant, avec des traductions vendues à travers le monde entier. Depuis, l’auteur a confirmé son influence dans l’édition française et internationale à travers six autres œuvres en une décennie.

Au fur et à mesure de ses textes, Louis a également évolué dans sa représentation de sa famille. Il dépeint d’abord sa sœur dans « Histoire de la violence » (Seuil, 2016), puis son père dans « Qui a tué mon père » (Seuil, 2018) et finalement sa mère dans “Combats et métamorphoses d’une femme” et “Monique s’évade” (Seuil, 2021 et 2024). Cette approche réfléchie semble refléter la croissance de l’écrivain qui, à travers l’écriture, prend conscience des violences subies par sa famille et finit par leur pardonner. Ses œuvres cherchent également à minimiser le fossé entre lui et ses parents, un écart qui semblait insurmontable dans son premier roman.

La distance a constamment joué un rôle crucial dans la dynamique entre Edouard Louis et son frère. Cette notion de distance résume finalement leur relation : « Ce qui décrivait nos vies, ce n’était pas mon existence ou la sienne, mais le fossé qui nous séparait » raconte-t-il dans son livre L’Effondrement. Il ajoute : « Rien ne peut illustrer l’écart entre nous, aucun mot ne peut décrire cette distance, mais cette dernière en dit long. La distance est un souvenir. » C’est ce souvenir que Louis interroge quand il dédie ce roman à son frère décédé à l’âge de 38 ans des conséquences de sa dépendance à l’alcool, après presque dix ans sans contact.

« À l’annonce de la mort de mon frère, je n’ai rien ressenti ; ni chagrin, ni désolation, ni bonheur, ni satisfaction. » C’est ainsi que s’ouvre ce livre qui tentera de déchiffrer pourquoi cet homme, dont le prénom reste inconnu, a été découvert si jeune, étendu sur un sol carrelé, un matin de janvier, et pourquoi il avait fait le choix de se rendre si impopulaire (« Connaître mon frère revenait à apprendre à le détester »).

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