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6 octobre 2024 4 h 44 min

Canaries débordées par migrants mineurs

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Mohmed, un adolescent de 15 ans originaire de Gambie (son vrai nom n’est pas divulgué), se rappelle d’une nuit sans lune pendant laquelle, après six jours en mer, deux personnes en proie à la folie ont plongé dans les abysses de l’océan Atlantique. Leur embarcation, partie du Sénégal, était à court d’eau potable et le fond était submergé. Ils ont fini par atteindre les Îles Canaries le lendemain. Depuis son arrivée au centre d’accueil pour mineurs non accompagnés (MENAs selon l’acronyme espagnol) à Tindaya, Las Palmas de Gran Canaria, il y a quinze jours, les larmes de Mohmed se font entendre chaque nuit, révèle Gabriel Orihuela, le directeur du centre.

Occupant un ancien monastère désaffecté situé sur les hauteurs du quartier de Tafira, au sud de la capitale des Canaries, le centre de Tindaya accueille près de quatre-vingts adolescents âgés de 12 à 18 ans, originaires principalement du Mali, du Sénégal et du Maroc. Récemment, une vingtaine d’entre eux a été transférée de la petite île d’El Hierro, où des centaines de migrants arrivent chaque semaine. Vers la fin septembre, on peut observer les jeunes tout juste sortis des classes, bavarder dans les couloirs, jouer à FIFA sur leur mobile, se précipiter vers la cafétéria ou faire le chemin vers la mosquée située à proximité du patio.

Mohmed est suivi par un psychologue au centre.

Lorsqu’il passe, Gabriel reçoit une chaleureuse accolade. « Chaque matin, ils assistent à des leçons d’espagnol, puis participent à des activités l’après-midi. Les enfants de moins de 16 ans sont inscrits dans des écoles de Las Palmas, tandis que les plus âgés ont la possibilité de suivre des formations professionnelles, apprendre à préparer un CV et effectuer des stages, nous dit M. Orihuela. Idéalement, pour prendre soin de ces jeunes de manière adéquate, le centre ne devrait pas accueillir plus de cinquante résidents. Nous nous efforçons de créer un environnement qui imite autant que possible la vie de famille et promeut leur intégration. Cependant, nous accueillons quatre-vingts personnes car l’urgence est notre priorité. »
Le protocole fait débat
Entre le 1er janvier et le 30 septembre, selon les informations du ministère de l’intérieur, plus de 40 000 migrants ont débarqué sur l’archipel espagnol situé en face du sud du Maroc. C’est deux fois plus que le nombre enregistré pour les neuf premiers mois de 2023. Entre 8 et 10 pour cent d’entre eux sont des mineurs non accompagnés, qui sont automatiquement placés sous la tutelle du gouvernement de Canaries et distribués dans des centres spécialisés.

Le système d’accueil pour les 5 500 mineurs isolés sur l’archipel est sur le point de s’écrouler, selon Alfonso Cabello, le représentant du gouvernement des Canaries composé de la Coalition Canarienne (CC) régionaliste et le Parti Populaire (PP, de droite). En l’espace de treize mois, le nombre de centres a quasiment triplé, passant de vingt-huit à 81, entraînant d’importantes difficultés pour trouver des professionnels qualifiés, tels que des éducateurs, des psychologues et des traducteurs. Cela coûte 14 millions d’euros par mois et aucune aide financière n’a été reçue du gouvernement central cette année. Il est essentiel de fournir un projet de vie et une intégration sociale à ces jeunes, d’où l’appel à une solution stable et un financement approprié. La fin de cet article est accessible uniquement aux abonnés.

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