Le blanc immaculé de l’Antarctique prend lentement une teinte verdoyante. Bien sûr, le décor reste dominé par la neige, la glace et les pierres. Cependant, la végétation, principalement des mousses, s’installe de plus en plus sur la péninsule Antarctique, la pointe nord de l’extrême sud, s’étirant au-delà du cercle polaire. Les zones herbeuses sont passées d’à peine moins de 0,9 km² à environ 12 km² entre 1986 et 2021, soit une multiplication par près de quatorze. La progression verte a même augmenté depuis 2016, selon une recherche publiée dans la revue Nature Geoscience, vendredi 4 octobre, soulevant des préoccupations sur les perturbations de ce continent gigantesque.
« Seulement une minuscule partie de l’Antarctique est envahie par la végétation. Cependant, cette partie a explosé, témoignant que même cette immense région sauvage et reculée est touchée par le changement climatique induit par l’homme », déclare Thomas Roland, principal auteur de l’étude et professeur associé de géographie physique à l’Université d’Exeter (Royaume-Uni).
En 2017, des chercheurs avaient déjà démontré que les mousses grandissaient sous l’influence du réchauffement de la planète sur trois sites de la péninsule, sans toutefois en mesurer la surface. Cette fois-ci, ils ont examiné les 500 000 km² de la péninsule à l’aide de trente-cinq ans de données satellites. « Nous avons été stupéfaits par l’importance du changement et sa vitesse fulgurante, » ajoute Thomas Roland. Un phénomène similaire est en cours dans l’Arctique depuis plusieurs années, même si aucun scientifique ne l’a encore analysé en Antarctique.
Réchauffement rapide.
Selon Oliver Bartlett, co-auteur de l’étude et professeur en télédétection et géographie à l’Université de Hertfordshire au Royaume-Uni, il est « hautement probable » que la colonisation soit expliquée par l’augmentation des températures et la diminution de la glace de mer. Ces changements créent un environnement plus humide qui favorise la croissance des plantes et prolonge leur saison de croissance.
La péninsule antarctique connaît un réchauffement plus rapide que le reste du monde. En général, le pôle Sud a connu des vagues de chaleur inhabituelles ces dernières années. À l’est du continent, les températures ont dépassé les normales de 28°C certains jours de juillet, et même de 40°C en 2022. Cette surchauffe pourrait être associée au changement climatique, même si tous les scientifiques ne sont pas d’accord sur cette question, car des facteurs naturels pourraient également être impliqués.
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