Un article paru dans Le Monde le 8 octobre 2023, exprimait ma pensée selon laquelle ce désastre risquait de perturber l’équilibre régional. La prédiction était sans doute évidente. Ce qui était au-delà de ma compréhension, c’est que même après une année, la situation serait la même, mais pire. Israël est désormais confronté à sept menaces simultanées. Sept! Nous affrontons le Hamas au sud, le Hezbollah au nord, en Cisjordanie, une intifada non encore nommée à l’est, dans les régions syrienne et irakienne, une multitude de groupes terroristes, plus loin les Houthistes au Yémen, et finalement l’Iran, contrôlant tous les autres. Il fallait une véritable sagacité stratégique pour se retrouver ainsi empêtré.
Je ne m’étendrai pas sur la question de qui sont les responsables. Dans l’article mentionné plus tôt, j’ai brièvement abordé la responsabilité de Benyamin Netanyahu. En ce qui concerne Yahya Sinwar, le chef du Hamas, et feu Hassan Nasrallah du Hezbollah, leur idéologie djihadiste les a empêchés de voir la réalité de leur adversaire. Sinwar parle couramment l’hébreu, Nasrallah se vantait d’être un spécialiste d’Israël, mais tous deux n’ont pas saisi la véritable nature de la puissance israélienne et ont tiré des conclusions erronées de ses faiblesses temporaires. N’oublions pas que Nasrallah avait un jour proclamé qu’Israël, malgré son arsenal nucléaire et sa force aérienne, était « plus fragile qu’une toile d’araignée ». Un quart de siècle plus tard, c’est finalement la toile d’araignée qui l’a surmonté.
Il convient de noter que l’interrogation fondamentale reste la suivante : Pouvon-nous toujours émerger triomphants du marasme dans lequel l’attaque barbare du 7 octobre 2023 a plongé la région ? La réponse est affirmative, à condition de prendre en compte trois données incontournables. Premièrement, nous ne pouvons pas revenir au statu quo ante. L’état actuel du conflit est obscurci par la figure toxique de Nétanyahou, sa stratégie destructrice ainsi que la structure de son gouvernement. Cependant, la racine du conflit est la présence de pseudos-Etats surarmés aux frontières d’Israël, dont le but est de l’éradiquer. Certes, nous pouvons nous moquer de la « victoire totale » que Nétanyahou promet à ses citoyens, c’est-à-dire l’éradication finale du Hamas et du Hezbollah, mais il est indéniable que leur capacité de nuire – en d’autres termes, leur pouvoir en général – doit être neutralisée.
Le bouleversement du système
La seconde considération concerne les moyens de réaliser ce changement de paradigme. L’usage de la force en fait partie, bien entendu. Suite aux événements du 7 octobre 2023, une déconstruction systématique des structures politiques et militaires du Hamas était nécessaire, ainsi qu’une modification radicale de l’approche face au Hezbollah. Il convient néanmoins de se poser la question de pourquoi Israël a autorisé pendant deux décennies, durant lesquelles Nétanyahou était au pouvoir, ces deux entités djihadistes à renforcer leurs capacités et à construire de véritables armées. Quoi qu’il en soit, après le massacre du 7 octobre 2023, les assauts quotidiens contre les villes de Galilée et l’exode de près de 100.000 Israéliens au sein de leur propre pays, le gouvernement a été contraint à une refonte totale de la situation.
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