Un an après le massacre le plus dévastateur de son histoire, Israël reste divisé. Malgré l’union nationale qui avait émergé suite à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, une année de conflits a érodé cette solidarité. Aujourd’hui, la colère des familles d’otages et de victimes contre le gouvernement est si importante que même sur le sujet sensiblement symbolique de la commémoration de cette journée tragique, un consensus n’a pas été trouvé.
Le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, dirigeant de la coalition la plus radicale que le pays ait jamais connue, a confié à la ministre des transports, Miri Regev, la tâche d’organiser la cérémonie commémorative en hommage aux 1 200 victimes du mouvement islamiste et en mémoire des 251 otages.
L’annonce faite le 18 août a été perçue comme une provocation par de nombreuses familles de victimes, particulièrement celles des kibboutz le long de Gaza, les plus touchés le 7-Octobre, dont la majorité de l’électorat s’aligne avec la gauche. Miri Regev, membre éminent du parti de Netanyahou, le Likoud, est connue pour prôner l’idée que la droite est l’incarnation de l’État, et pour faire rapidement l’amalgame entre les attaques contre son parti et celles contre Israël. Elle s’est distinguée en qualifiant les migrants illégaux du Soudan – bien qu’ils soient peu nombreux – de « cancer de la nation » ; suite au tollé provoqué, elle avait redoublé d’audace, affirmant qu’elle « était heureuse d’être une fasciste ».
L’ancienne ministre de la culture, en poste de 2015 à 2020, mettait en opposition la liberté d’expression et la liberté de financement. Elle a ciblé Breaking the Silence, une institution de droits de l’homme fondée par d’anciens soldats israéliens critiquant l’attitude des militaires dans les zones occupées.
Refutation des artistes
Pour Yotam Shimriz, un survivant du kibboutz de Kfar Aza et membre d’un groupe représentant les communautés longeant la bande de Gaza, dont son frère Alon a été tragiquement tué par des troupes israéliennes à Gaza après avoir réussi à s’échapper de ses kidnappeurs, il n’accepte pas que le gouvernement organise un hommage aux victimes. « C’était le gouvernement en place le 7 octobre [2023], il ne s’est pas rencontré avec les familles, il n’a pas assumé ses responsabilités, il n’a pas mis en place un comité d’enquête et je ne veux pas qu’il décide comment on se souviendra de mes amis, comment on se souviendra de mon frère », a-t-il annoncé sur une station radio israélienne en août.
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