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Fin du mythe du devoir conjugal

Gisèle Pelicot, ma chère,
Il est incessant de réfléchir à ces dix années d’effroi que vous avez endurées, des années qui semblent irréelles à vos propres yeux. Elles sont non seulement irréelles mais aussi effrayantes et frigorifiantes. En laissant le visage inexprimé de la terreur se dévoiler aux lumières d’un procès que vous avez souhaité rendu public et médiatisé, votre bravoure est considérable.

Vous avez affronté ce combat en public, afin de déplacer la honte sur l’agresseur et de l’exposer à la nation toute entière et au-delà. Ce procès représente le combat de toutes les femmes, de toutes nos filles, qui ont été victimes de violences, d’agressions et de viols ; c’est une tentative de restaurer votre dignité et celle de toutes nos sœurs.

Nous avons perçu votre conviction. Porter plainte après un viol constitue une épreuve presque insurmontable pour beaucoup de femmes. Néanmoins, votre résolution vous confère une force indomptable, une force qui ne faiblit pas face aux excuses infâmes présentées par la défense.

Vous restez digne, avec la tête haute. Vous êtes une héroïne, articulant votre colère et votre souhait de justice avec une précision chirurgicale. Cette colère justifiée permet de vous débarrasser du dégoût oppressant, une colère que nous partageons avec vous dans tout l’hexagone.

Nous affirmons haut et fort qu’en 2024, il est inconcevable que des hommes puissent encore considérer les femmes uniquement comme leur possession, un objet sexuel, qu’ils peuvent briser pour leur propre satisfaction.

Depuis le 2 septembre, toute la France suit de près le procès de cinquante et un hommes, vos agresseurs, apparemment aussi « normaux » que cela peut être défini. Cependant, beaucoup de voix sont encore absentes pour dénoncer l’ampleur des violences que vous avez endurées.

En notre qualité de législateurs du groupe socialiste et assimilé à l’Assemblée nationale, du groupement socialiste, écologique et républicain au Sénat, et de la faction socialiste et démocrate au Parlement européen, nous maintiendrons notre position et réaffirmons fortement :
– que la masculinité n’offre pas le privilège de dominer, posséder ou exploiter les femmes ;
– que le corps féminin appartient uniquement à la femme elle-même et personne d’autre ne peut le lui enlever ;
– les femmes sont autonome, libre de choisir leur tenue, libre de conduire leur vie comme elles le souhaitent, libre d’accepter ou de refuser ;
– que toute violation est considérée comme un viol ;
– que rien, absolument rien, ne peut justifier leur victimisation lors d’une agression sexuelle ou d’un viol ;
– que nous devons dénoncer la notion fausse du « devoir conjugal » ;
– que le viol est une violation de l’intégrité physique et mentale, rien ne peut excuser un tel comportement ;
– que les témoignages des victimes sont négligés, il est essentiel qu’ils soient écoutés, soutenus, pris au sérieux et poursuivis en justice.
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