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Tunisie : opposants résistent au pouvoir

Zouhair Maghzaoui, ancien représentant du Parlement et figure de proue du Mouvement panarabe du peuple, est une personnalité remarquée dans le centre-ville de Monastir, une cité balnéaire dans l’est de la Tunisie. En tant que concurrent dans l’élection présidentielle du 6 octobre, il parcourt le marché urbain, secondé par son staff et un cercle de policiers assurant sa protection. Au cours de sa promenade, une femme l’apostrophe, désespérée, elle lui demande comment elle pourrait subvenir aux besoins de ses trois enfants sans clientèle pour son cabinet médical, caché derrière une gamme de vêtements d’occasion qui obstrue son entrée et réduit sa clientèle. Sa réponse est vague : « C’est le rôle de l’État ! » déclare M. Maghzaoui.

Il exprime à Monde que les Tunisiens ont devant eux une décision à prendre : continuer à vivre dans cette réalité grotesque oú, bien qu’il y ait beaucoup de paroles, il y a un manque d’accomplissements, ou ils peuvent aller voter en grand nombre et choisir l’action. Bien que M. Maghzaoui ait appuyé le processus politique par lequel le président Kaïs Saïed a pris tous les pouvoirs suite à son « coup d’État » en juillet 2021, il s’est récemment différencié du leader de l’État. À son avis, ce qui était autrefois le rêve du peuple tunisien est devenu un processus dictatorial. Il a également noté la peur que l’on peut lire sur les visages de la population.

Zouhair Maghzaoui, l’unique adversaire en liberté face au président en exercice, a visité presque toutes les provinces du pays afin de mobiliser les électeurs malgré les difficultés. Selon un membre de son équipe de campagne, une certaine peur règne parmi la population, y compris chez les personnalités publiques qui le soutiennent, mais qui ont peur des conséquences après les élections. Ayachi Zammel, le troisième candidat approuvé par l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE), a été arrêté début septembre pour « falsification d’approbations » et condamné à douze ans de prison le 1er octobre.

Pour s’assurer que Maghzaoui ne dépasse pas le budget de campagne réglementaire de 150 000 dinars (environ 45 000 euros), l’ISIE suit ses dépenses sur le terrain. « Si on dépasse, c’est direction la prison », dit une source précédente. Malgré ces restrictions, Maghzaoui est déterminé à continuer avec sa candidature. « Ils veulent imposer un président qui n’a rien accompli, mais nous avons décidé de voter », affirme le candidat.

Ces dernières semaines, la campagne présidentielle a connu de nombreuses surprises. Le 10 août, seules trois candidatures ont été validées par l’ISIE, qui a ensuite refusé de réintégrer trois autres candidats malgré des jugements en leur faveur. Le 27 septembre, un peu plus d’une semaine avant l’élection, le Parlement a modifié la loi électorale, enlevant au tribunal administratif le droit de régler les litiges électoraux, une réforme de dernière minute vivement critiquée par les partis d’opposition et plusieurs organisations de la société civile.

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