Le vendredi 4 octobre, la Tunisie a été témoin d’une manifestation rassemblant des centaines de personnes, critiquant le président Kais Saied d’avoir érodé les libertés depuis l’instauration de son règne autoritaire. Avec la perspective d’un nouveau mandat de cinq ans pour Saied, les manifestants, au nombre d’environ 800, ont marché le long de l’avenue principale de Tunis, clamant leur désir de reprendre le pouvoir, comme rapporté par les correspondants de l’Agence France-Presse (AFP).
Dimanche prochain, les électeurs tunisiens seront appelés à choisir leur prochain président dans un contexte d’agitation sociale. La société civile met en lumière une augmentation des violations des droits et des libertés depuis que Saied, élu démocratiquement en 2019, a pris les commandes du pouvoir en 2021.
Au cours du printemps 2023, de nombreuses personnalités de l’opposition ont été arrêtées sous des accusations graves de « complot contre la sécurité de l’État ». Des professionnels tels que des syndicalistes, des avocats, et des analystes politiques sont également incarcérés en vertu d’une loi controversée sur les « fake news ». Par ailleurs, les associations dénoncent une augmentation des vérifications sur les financements étrangers qu’elles reçoivent.
Selon Human Rights Watch, « plus de 170 individus sont actuellement détenus pour des raisons politiques ou pour avoir exercé leurs droits fondamentaux ». Deux jours avant les élections, la population continue de manifester en défense des libertés et des droits de l’homme, comme l’a noté Bassem Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH). Il a ajouté : « Nous sortons pour dénoncer l’érosion des libertés, de la démocratie et des acquis de la Révolution, y compris la liberté d’expression et de travail associatif ».
En guise d’exposition de leur pouvoir, les forces de l’ordre ont déployé des escouades anti-émeutes et des véhicules de dispersion d’eau pour superviser la marche. Les manifestants, comprenant de nombreux jeunes défenseurs des droits de l’homme et artistes, ont plaidé pour un boycott des élections présidentielles qu’ils qualifient de « parodie » ce dimanche. Pour l’actrice Leila Chebbi, « Kais Saied a foulé aux pieds les libertés ». « J’appelle au boycott des élections qui violent la loi et qui sont illégitimes ».
Les protestataires ont dépeint le président Saied comme un « pharaon qui manipule la loi », à la suite d’un processus de nomination des candidats, dont seulement trois sur dix-sept initialement – vivement critiqué pour des soutiens difficiles à obtenir, l’incarcération de candidats potentiels et l’élimination d’autres prétendants importants.
Des pancartes de manifestants portaient les inscriptions « Pays de répression et de dictature » et « Fête électorale transformée en coup d’État ». « Liberté, liberté », beaucoup ont exigé la « fin du régime », le cri de ralliement du soulèvement populaire et la révolution qui a renversé le dictateur Zine El Abidine Ben Ali en 2011.
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