Ahmed Gaâloul, 58 ans, subit actuellement son deuxième exil à Londres, tout comme de nombreux dirigeants et membres d’Ennahda, le parti islamo-conservateur. Ils ont été contraints de quitter la Tunisie à la suite de la prise totale du pouvoir par le président Kaïs Saïed le 25 juillet 2021. En plus, certaines figures clés du mouvement comme Rached Ghannouchi sont en détention.
Ennahda, qui avait précédemment fait l’objet de répressions sous l’administration de Habib Bourguiba et Zine El-Abidine Ben Ali, doit aujourd’hui faire face à l’affaiblissement sous la gouvernance de M. Saïed, ceci dans un contexte de pression grandissante sur les opposants. Ahmed Gaâloul, ancien ministre, parlementaire et membre du bureau exécutive d’Ennahda, avait déjà fui la Tunisie une fois dans les années 1990 pour échapper à la répression de M. Ben Ali. Après le renversement de Ben Ali en 2011, il est revenu en Tunisie et a repris ses responsabilités au sein de son parti, qui a entretemps été légalisé.
Toutefois, dix ans plus tard, Kaïs Saïed est arrivé au pouvoir. Suite à l’acte de prise de pouvoir en juillet 2021, M. Gaâloul est rapidement devenu une cible pour les autorités. En dépit d’une interdiction de quitter le pays en décembre de la même année, il réussit à s’échapper en février 2022. « C’est à ce moment que j’ai fait le choix de ne pas rentrer. Nous avons également jugé nécessaire que quelques-uns des membres de l’équipe de direction restent à l’étranger pour poursuivre nos activités », dit-il, décrivant ce deuxième exil comme un « choc ». L’attention des autorités est actuellement centrée sur les activistes.
Ennahda affirme qu’environ cinquante dirigeants du groupe ont été détenus depuis le 25 juillet 2021. Ce groupe comprend Ali Larayedh, un précédent premier ministre et vice-président d’Ennahda, qui a été incarcéré en décembre 2022, ainsi que Noureddine Bhiri, un ancien ministre de la justice, qui a été appréhendé en février 2023.
En avril de cette année-là, le régime de Kaïs Saïed a amplifié sa persécution en attrapant Rached Ghannouchi, le dirigeant notoire du parti islamo-conservateur. M. Ghannouchi, comme beaucoup d’autres opposants, est inculpé de conspiration contre la sécurité de l’État. Dans le même temps, le ministère de l’Intérieur exige la fermeture de la maison mère d’Ennahda ainsi que tous ses bureaux en Tunisie, tandis que les fonds bancaires du groupe sont congelés.
En septembre, au préalable de l’élection présidentielle dont le premier tour est fixé pour le 6 octobre et dans laquelle M. Saïed est le choix préféré, Ennahda a condamné l’arrestation d’une centaine de militants, de cadres locaux et de sympathisants, dont les femmes et les hommes âgés, parfois d’anciens détenus sous le régime de M. Ben Ali.
Pour la première fois depuis que Kaïs Saïed a pris tous les pouvoirs, des militants de moindre rang sont maintenant visés. « Il semble que la stratégie du régime est d’immobiliser les ressources d’Ennahda en amont de l’élection présidentielle. Ils redoutent que le groupe, qui n’a pas émis d’instruction de vote, mette en marche son dispositif pour soutenir un autre candidat », suppose Hamza Meddeb, un chercheur au Centre Carnegie pour le Moyen-Orient.
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