Pendant les 27èmes Rendez-vous de l’histoire de Blois qui rassembleront de nombreux historiens du 9 au 13 octobre autour du thème « La ville », « Le Monde des livres » offre une sélection de nouvelles publications par les invités du festival, y compris Saidiya Hartman et Peter Frankopan. Leurs ouvrages, Vies rebelles – détaillant la vie des femmes noires aux États-Unis après l’abolition de l’esclavage – et Les Métamorphoses de la Terre – repensant en profondeur les relations entre l’humanité et le climat – sont présents en tant que deux événements. Pauline Valade, une historienne, a écrit un roman, Bruno et Jean, sur les deux derniers hommes condamnés à mort pour homosexualité en France, exécutés en 1750. Deux autres livres explorent le sujet du festival : Histoire de la banlieue de Thibault Tellier, et le recueil interdisciplinaire (Re)penser les villes, dirigé par Loïc Vadelorge.
Saidiya Hartman effectue un travail minutieux avec « Vies rebelles ». Il s’agit de sculpter des destins à partir de ce qui est absent dans les archives. Dans Vies rebelles, un essai créatif qui allie la rigueur scientifique à la force de la littérature, l’écrivaine américaine met en avant la vie des femmes afro-américaines qui ont fui le Sud ségrégationniste de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, avec l’espoir de trouver liberté et dignité dans le Nord.
Alors qu’elle analyse des milliers de pages d’investigations dépeignant injustement les femmes noires comme un souci, fait notable, dû pour beaucoup à leur couleur de peau, Saidiya Hartman délivre un aperçu révélateur d’une époque où la notion de liberté était encore embryonnaire. Elle trace une biographie collective de toute une génération, principalement la deuxième ou troisième après l’abolition définitive de l’esclavage en 1865. Au cœur de cette jeune société naissante, elle redonne à ces femmes l’humanité et l’intimité qu’on leur avait brutalement dérobées, tout en s’efforçant d’éviter toute forme d’idéologie manichéenne ou angélique. Il s’agit d’une démarche personnelle, comme elle l’évoque, pour atténuer les sévices de l’histoire et rédiger une lettre d’amour à tous ces êtres ayant enduré ces tourments, tout en considérant ces femmes non pas comme de simples victimes, mais comme les maîtresses de leurs propres vies.
En ce qui concerne le climat historique, le livre « Les Métamorphoses de la Terre » de Peter Frankopan est d’une ambition impressionnante. Son intention n’est rien de moins que de retracer comment l’environnement a façonné les sociétés humaines depuis leurs débuts et comment celles-ci l’ont modifié jusqu’à arriver aujourd’hui à un point de non-retour sans espoir. Fin de l’article à 32,42%, réservé aux abonnés.