Après un délibéré de sept heures, le juge Frédérique Aline de la cour d’assises spéciale de Paris a jugé le djihadiste Peter Cherif « coupable » de toutes les accusations portées contre lui. Cherif a été reconnu coupable jeudi 3 septembre et a été condamné à une peine de prison à vie, assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans, conformément aux demandes du procureur.
Le tribunal a déterminé que ce vétéran de la djihad âgé de 42 ans était « coupable » pour son implication avec Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA) au Yémen pendant sept ans, un fait qu’il n’a pas contesté. Il a également été reconnu « coupable » d’avoir été l’un des trois geôliers français qui ont été détenus par le groupe en 2011, un fait qu’il a partiellement admis à l’audience.
Finalement, Peter Cherif a été déclaré « coupable » d’avoir « participé » à l’enrôlement de son ami Chérif Kouachi par AQPA pour perpétrer une attaque contre Charlie Hebdo, ce qu’il a catégoriquement nié.
En ce qui concerne ce dernier point, qui était le seul vraiment contesté, le tribunal a jugé que Peter Cherif avait « facilité » l’arrivée de Chérif Kouachi au Yémen et son « intégration dans les rangs de l’AQPA » à l’été 2011, et qu’il était resté en contact avec lui après son retour en France, sachant la mission terroriste qui lui avait été confiée. La cour a justifié la « sévérité extrême » de la peine par la « gravité extrême » des crimes et la « dangérosité » de l’accusé. La « défense démissionnaire » a été citée.
Tout au long des trois semaines de procès, la défense s’est distinguée par son silence notable. Quelques heures avant la prononciation du verdict, jeudi matin, on s’est finalement familiarisé avec la voix des deux avocats de l’accusé. Lors de l’ouverture de son plaidoyer, Me Sefen Guez Guez a exprimé dans un étrange confession « C’est enfin le moment de défendre Peter Cherif ». En effet, leurs interventions ont été encore plus rares que celles de leur client. Me Guez Guez et son collègue Me Nabil El Ouchikli ont été étonnamment absents pendant ces quatorze jours d’audience.
Leur absence verbale s’est transformée en une absence physique lors de trois journées cruciales du procès où ils ont été remplacés par un jeune avocat associé, puis par une jeune avocate associée, ignorant tous les deux les détails du dossier. C’était le cas le jour du premier interrogatoire de Peter Cherif, ainsi que lors de son second interrogatoire, ainsi que le premier jour des témoignages des victimes.
Cette stratégie de la « chaise vide » non seulement reste inexplicable, mais a également été regrettée par la présidente le 27 septembre, qui a déclaré « Contrairement à la pratique habituelle, je découvre chaque jour si les avocats de Peter Cherif seront présents ou non. Je n’ai jamais vu ça… » Lors de son réquisitoire, mercredi, le procureur a critiqué sa « défense aussi légère qu’intermittente, voire démissionnaire, qui n’a pas fait honneur aux débats ».
Il reste 52,29% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.