Le premier ministre a livré un discours crucial sur la politique générale le mardi 1er octobre, qui était très attendu parce que le budget et les grands axes de la politique économique pour l’avenir étaient en jeu. La France est confrontée à une situation économique et politique doublement sans précédent. L’Hexagone a déjà vécu des moments de déficit public similaires, comme au début des années 2010 (7,2% du PIB) suite à la crise des subprimes ou après 1993 (6,4%), lorsqu’il a fallu respecter les critères de Maastricht pour l’adoption de l’euro. Cependant, avec un taux actuel de 110% du PIB, la dette publique est nettement plus élevée que lors de ces deux crises (moins de 50% en 1993 et 86% en 2010).
La France est également confrontée à une autre situation financière inédite : l’augmentation rapide et imprévue de son déficit (plus de 6% du PIB en 2024, contre 4,4% prévu dans le projet de loi de finances de 2024, soit un écart d’environ 50 milliards). En conséquence, la France devrait être le mauvais élève budgétaire de l’Europe en 2025, malgré les tentatives d’améliorations. Ce n’était pas le cas lors de la crise de la dette souveraine, où les pays du sud de l’Europe étaient les plus vulnérables financièrement. Aujourd’hui, l’Espagne et le Portugal sont salués pour leurs efforts et seule l’Italie accumule toujours des retards.
La situation budgétaire en France est désormais plus préoccupante qu’en Europe. On a de quoi se réjouir que l’ajustement budgétaire anticipé soit moins synchronisé et radical dans la zone euro qu’il ne l’était lors du début des années 2010. Toutefois, la France, qui fait face à un déficit excessif, ne se situe plus à mi-chemin entre le nord et le sud de l’Europe, et est davantage vulnérable face aux marchés et investisseurs qu’avant.
Du côté politique, le contexte est également sans précédent. Jamais, dans l’histoire, la censure d’un gouvernement n’a été aussi probable. Il peut y avoir un écart significatif entre les politiques économiques suggérées par le premier ministre et celles qui seront finalement approuvées. Même si l’économie française n’est pas celle de la Grèce de 2010 et il n’y a pas de danger immédiat de défaut sur la dette française, les investisseurs pourraient exiger une prime de risque durable sur la dette en raison de cette instabilité politique et de la difficulté à établir une trajectoire budgétaire à la fois crédible et réalisable politiquement.
Une perte de confiance, couplée à une augmentation des taux d’intérêt sur le refinancement de la dette française, avec plus de 300 milliards d’euros d’émissions attendues pour 2025, aurait un impact ravageur sur nos finances publiques, comme le démontre l’exemple de l’Italie. Une augmentation de un point de taux nous coûterait 3 milliards la première année et plus de 30 milliards après une décennie.
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