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Tunisie : Kaïs Saïed, leader à Kairouan

En tant que volontaire en charge de la campagne présidentielle de Kaïs Saïed dans le petit village agricole de Haffouz, situé à 40 km de Kairouan au cœur de la Tunisie, Raed Kassebi s’est établi dans un café proche d’une station-service, point d’entrée de la ville, après avoir participé à une opération d’affichage dans les alentours.

Kassebi, un ex-militaire de 38 ans, marié et père de trois enfants, a une barbe grisonnante qui accentue les traits de son visage. Suite à un accident du travail en 2022, il a pris une retraite anticipée. Son profil militaire ne lui imposant plus de réserve, il peut maintenant ouvertement soutenir Kaïs Saïed, qui brigue un second mandat lors de l’élection présidentielle du 6 octobre.

Bien que sa tentative de se faire élire lors des élections locales de 2023-2024 ait échoué, ce jeune père de famille n’a pas perdu espoir. Il investit désormais son temps libre dans la campagne du président Saïed. « Je soutiens Saïed depuis 2019 et encore plus depuis ma retraite. Je n’ai jamais eu de regrets », affirme-t-il avec conviction.

Cependant, depuis qu’il a pris une tournure autoritaire le 25 juillet 2021 en s’accaparant tous les pouvoirs, dissolvant l’Assemblée nationale, le soutien des Tunisiens pour le président semble s’effriter, malgré une première approbation de sa démarche. Notamment, les dernières élections législatives (2022-2023) et locales (2023-2024) n’ont mobilisé que 11% de l’électorat.

« Kaïs Saïed tient ses promesses » déclare Kassebi.

La question de la capacité de Kaïs Saïed à mobiliser les électeurs pour les futures élections présidentielles se pose, avec seulement deux adversaires autorisés à se présenter – Zouhair Maghzaoui, ancien membre du parlement de la gauche panarabe, et Ayachi Zammel, qui est à la tête d’un petit parti libéral et a été emprisonné pour la falsification de soutiens. Ceux-ci l’affronteront lors du vote du 6 octobre.

Cependant, même dans des régions comme Kairouan, un des gouvernorats les plus démunis de Tunisie où plus d’un tiers de ses habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon les données de l’Institut national de la statistique (INS), la renommée du président continue d’être notable.

Des villes comme Haffouz, Oueslatia et El Alaa, habituellement mentionnées dans les médias pour des événements tragiques tels que des suicides de jeunes, des féminicides et des auto-immolations, ont connu des taux de participation approchant les 20% aux dernières élections législatives. C’est légèrement plus élevé que la moyenne nationale, malgré un boycott de la part des partis d’opposition et une abstention habituelle lors des votes précédents.

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