Le procès surnommé « des viols de Mazan » a attiré l’attention des médias sur la problématique des violences sexuelles. Suite à la demande de la victime, Gisèle Pelicot, d’ouverture au public, l’ampleur étonnante des discussions qui étaient jusque-là secrètes, ainsi que le genre d’interrogations et de doutes auxquels sont confrontées les victimes d’agressions sexuelles lors des procédures judiciaires et policières, sont révélés. L’interrogation sur le consentement de la victime a été au centre des débats pendant de nombreuses heures, envisagée comme un indice crucial de la culpabilité des prévenus: pouvaient-ils ignorer que la victime ne consentait pas?
Bien que le concept du consentement ne figure pas explicitement dans le code pénal, il est pourtant tacitement au centre des qualifications policières et judiciaires de viol. L’enquête suit le dépôt de plainte et nourrit la possibilité de poursuites judiciaires, elle est grandement dépendante des réactions des enquêteurs à la plainte et de leur évaluation de l’agression signalée. Pendant plusieurs mois, Océane Perona a observé la manière dont les plaintes pour viol étaient traitées dans un service d’investigation d’un grand commissariat français.
Dans un article paru en 2022 dans le journal Sociétés contemporaines, elle scrute les perceptions policières du consentement sexuel. La sociologue démontre que les enquêteurs interprètent les témoignages des plaignantes pour déterminer leur consentement réel, fondé sur trois aspects: contextuel, relationnel et sociétal.
Dans le contexte de l’application de la justice, les forces de l’ordre évaluent une situation selon les règles sociales qui régissent le comportement sexuel féminin. Les critères les plus couramment utilisés sont la prudence et le comportement réservé. Si la plaignante semble avoir encouragé l’accusé à croire qu’elle a consenti, par son comportement ou ses propos, il sera plus difficile pour elle de prouver qu’elle n’a pas consenti.
Des interrogations sur l’authenticité des accusations
Ce concept est également mis en évidence lorsque l’accusé est proche de la plaignante. La notion que le viol est un crime commis par un étranger, dans un lieu public, impliquant une grande contrainte physique et provoquant une résistance de la part de la victime est une idée largement acceptée.
Si l’accusé est un connu de la victime, on suppose que la relation est forcément consentie, éloignant l’agression d’un problème d’ordre public qui mobilise prioritairement les forces de l’ordre. Dans le cas de viols conjugaux ou en famille, les policiers peuvent interpréter la plainte comme une revanche ou une façon d’obtenir un avantage lors de conflits privés, tels que des divorces ou des procédures de garde.
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