LCP-AN – MERCREDI 2 OCTOBRE À 20 H 30 – DOCUMENTAIRE
Le documentaire de Charlotte Espel trace le portrait d’un profond « gâchis »: des parcours académiques entravés, des carrières interrompues, des vies marquées dès leur début par des problèmes de santé. Ces réalités sont une conséquence directe des violences et discriminations que subissent massivement les étudiantes et jeunes chercheuses à l’université.
Des années après l’instauration de l’égalité des sexes à l’université, les femmes qui y poursuivent leurs études ou qui envisagent une carrière universitaire sont toujours soumises à des conditions indignes. Selon le documentaire, une étudiante sur dix en France a été victime d’agression sexuelle lors de ses études, et une étudiante sur vingt a été violée. Le documentaire ne se limite pas à exposer ces chiffres, il s’efforce aussi de montrer l’impact durable de ces violences sur leurs parcours, tant professionnel que personnel. Il montre l’usage fréquent de médicaments pour gérer les symptômes post-agression.
Alors que certaines écoles de commerce ou d’ingénieurs ont conduit des enquêtes internes pour révéler l’ampleur des violences perpétrées en leur sein, très peu d’attention est accordée à ce qui se passe dans les dédales des universités et des centres de recherche publics. Pourtant, le film fait écho à de nombreux témoignages qui mettent en lumière l’aspect systémique des violences sexistes et sexuelles qui s’infiltrent dans tous les secteurs universitaires, depuis les soirées étudiantes jusqu’aux laboratoires de recherche.
Dans un milieu très structuré, où chaque discipline forme des petits cercles interconnectés où chacun se connaît, certaines formes de violence sont autorisées en raison d’un déséquilibre des relations de pouvoir. Ce sont par exemple ceux exercés par les enseignants, notamment dans les domaines artistiques, qui pressent les jeunes femmes à se dévoiler davantage. Sans oublier le pouvoir exercé par les directeurs de thèses, face à qui il est très difficile de s’opposer, étant donné qu’ils ont la capacité de décider de l’avenir d’une thèse et des opportunités professionnelles qui suivent, comme le partage une doctorante.
En ce qui concerne la prise de parole, le documentaire met particulièrement en évidence combien c’est compliqué, en raison des phénomènes de stupeur ou d’emprise, ou encore du manque de sentiment de légitimité face à des figures d’autorité et envers des idéologies profondément enracinées. Cela se passe aussi dans un contexte où il y a un absence de mesures sérieuses prises par les responsables des universités pour lutter contre ces violences. Les statistiques citées sont éloquentes : 45% des étudiants ne disposent d’aucun moyen de lutter contre la violence ou de soutien au sein de leur institution.
Étudiantes en terrain dangereux, réalisé par Charlotte Espel (France, 2023, 52 min).
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