Dans le petit village d’Asham, situé dans le district de Bandipora au Cachemire, Shahid Farooq, un ingénieur, a exercé son droit de vote sous la surveillance d’un paramilitaire armé d’une arme de poing. Cela s’est passé le mardi 1er octobre, et ses paroles bien précises traduisaient le sentiment d’une région : « Nous en avons assez de Modi. Un changement est nécessaire, et cela ne peut venir que de notre propre administration », a-t-il déclaré, faisant référence aux promesses non tenues de l’actuel premier ministre indien concernant la paix et les offres d’emploi pour les jeunes.
Pour la première fois en une décennie, les gens du Cachemire ont pu participer à un vote pour élire leurs représentants à l’assemblée régionale. Cette élection, qui a pris fin le 1er octobre, a été un véritable test pour le premier ministre indien, Narendra Modi, qui contrôle d’une main de fer cette région de l’Himalaya depuis cinq ans.
L’événement a fait ressurgir le souvenir du 5 août 2019, quand les dix millions d’habitants du Cachemire s’étaient réveillés coupés du reste du monde, sans accès à Internet, au téléphone ou au courrier, tandis que les militaires patrouillaient les rues. Cette coupure soudaine était liée à la décision unilatérale de Modi d’abolir l’article 370 de la Constitution, qui accordait une grande autonomie à cette région, la seule majoritairement musulmane de l’Inde. Ce fameux jour a été suivi d’une vague d’arrestations arbitraires et de disparitions.
En addition à cela, le statut spécial du Cachemire a été abrogé et la région divisée en deux entités administratives séparées : Jammu-et-Cachemire à l’ouest, et Ladakh à l’est. Ces deux régions ont été déclassées et sont devenues des territoires de l’Union indienne, gérés directement par le gouvernement central de Delhi, plutôt que des États fédérés.
Pour des années, l’extrême droite indienne a poursuivi l’objectif d’annuler l’article 370. Leur but est d’incorporer davantage d’hindouisme en encourageant l’implantation de peuples provenant de toute l’Inde. En conséquence, le gouvernement a annulé la prohibition pour les non-Cachemiris d’avoir des propriétés terrestres, d’avoir des emplois et de voter, en vue de modifier le profil démographique de la région de l’Himalaya. C’est ainsi qu’une révision systématique des droits fonciers a été mise en place par les autorités pendant les cinq dernières années.
L’augmentation du tourisme religieux hindou est également en cours. Le 2 octobre, la Fédération internationale pour les droits humains a publié un rapport détaillé sur la situation actuelle au Cachemire, à savoir que la campagne de saisie des terres sous prétexte d' »empiètement illégal » lancée par le gouvernement du Jammu-et-Cachemire en 2023 a affecté une zone de taille comparable à Hong Kong. Des milliers de cachemiris ont été forcés de quitter leurs terres et leurs biens ont été détruits. Les terres ont été également saisies pour favoriser l’essor du tourisme religieux hindou via des pèlerinages. Par ailleurs, les autorités envisagent d’accroître la population de Srinagar, la capitale du Jammu-et-Cachemire, en doublant le nombre d’habitants d’ici 2035.
Cet article est encore à 46,09% inédit et réservé aux abonnés pour la suite.
Laisser un commentaire