Lundi 23 septembre, en fin de journée, un patient énigmatique repose sur la table de scanner du centre hospitalier de Lens (Pas-de-Calais), prêt à être examiné. Ce patient, caché derrière la vitre de la salle d’imagerie, attire une foule inhabituelle : cinéastes, journalistes, personnel médical, tous curieux de surveiller le processus. Ses informations apparaissent sur l’un des écrans de l’ordinateur, révélant son identité : Djedmoutiouefankh Neha. Cependant, Neha n’est pas visible.
Neha, un Égyptien de près de 3000 ans, est entièrement enveloppé de bandages et sa momie est logée dans un cartonnage funéraire, une sorte de caisse anthropomorphe peinte. Grâce à un trou et à une base manquante dans la caisse, on peut seulement apercevoir ses pieds enveloppés dans un tissu bien conservé.
Neha est une partie intégrante de la collection de momies égyptiennes du Louvre et est normalement conservée non loin de là, dans le grand centre de conservation du musée, inauguré à Liévin (Pas-de-Calais) en 2019. C’est la première fois qu’une de ces momies est scannée. Hélène Guichard, conservatrice générale du département des antiquités égyptiennes du Louvre explique : « Nous ne sommes pas équipés pour cela ». L’idée est donc venue de conclure un accord avec le centre hospitalier de Lens pour utiliser leur scanner médical.
Les procédures d’investigation sont désormais radicalement différentes de celles du 19ème siècle où les cercueils et les cartonnages des momies étaient sans scrupules ouverts, détruits et dépouillés de leurs amulettes et bijoux. Un grand nombre de cartonnages ont ainsi été dissociés de leurs momies originales. Néanmoins, l’exploration médicale contemporaine permet l’acquisition de connaissances sans même avoir à révéler la momie.
Concernant Neha, un individu mystérieux, seule une poignée d’informations a été rassemblée, admet Hélène Guichard. La momie de Neha est abritée par le Louvre, au sein de leurs collections ancestrales, mais on ignore quand elle y a été introduite et dans quelles conditions, probablement au 19ème siècle. Nos connaissances se limitent donc aux détails révélés par le cartonnage. Malgré son apparence, cette « coquille » n’est pas en bois mais formée de multiples strates de lin collées les unes aux autres. En se desséchant, ce revêtement devient rigide tout en conservant une certaine flexibilité, ce qui permet à la momie d’y être introduite par l’arrière, grâce à une ouverture ultérieurement refermée à l’aide d’une cordelette. Cet article est réservé à 64.26% aux abonnés.
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