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1 octobre 2024 16 h 47 min

Précarité étudiante réduite sans aides parentales

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À chaque nouvelle année académique, le syndicat étudiant Union nationale des étudiants de France (Unef) révèle les statistiques du coût de la vie pour les étudiants. Bien que l’augmentation cette année (+ 2,25 %) soit plus modérée que celle de 2023 (+ 6,47 %), l’augmentation totale depuis 2017 atteint néanmoins 27,76 %. Cette hauteur, malgré l’inflation des bourses étudiantes, intensifie probablement la précarité étudiante déjà prédominante en France.

Pour atténuer cette situation difficile, une réforme du système d’aide aux étudiants français est urgente. Le système actuel adhère à une approche « familialiste » de l’accès à la citoyenneté sociale pour les jeunes, les considérant d’abord comme des enfants. Cette approche implique plusieurs conséquences institutionnelles, comme les limites d’âge élevées pour bénéficier des prestations sociales (par exemple, l’ âge minimum pour le RSA en France est fixé à 25 ans), le recours à la politique familiale pour financer les études supérieures (notamment par le biais d’aides fiscales pour les parents) et la dépendance des bourses étudiantes du revenu parental.

Ces bourses ne garantissent pas une indépendance financière totale pour la poursuite des études, mais sont censées compenser le manque de soutien financier des parents aux étudiants de milieux défavorisés. Cette approche reflète une logique à la fois « familialiste » (les parents sont principalement responsables du soutien financier de leurs enfants étudiants) et redistributive (ceux qui ont le moins doivent recevoir le plus).

La tactique « Robin des Bois »

Au contraire, certains pays européens, par exemple les pays nordiques, ont modifié leurs régimes de bourses « familialistes » pour introduire des subventions qui ne sont plus liées aux revenus des parents. Cela est typiquement le cas dans les pays où les jeunes ont accès à la « citoyenneté sociale » de manière individualisée, y compris les étudiants, leur statut d’adulte étant reconnu : ces jeunes peuvent bénéficier des aides sociales à partir de 18 ans, et presque tous peuvent obtenir une bourse, souvent associée à un prêt, contrairement à seulement environ un tiers des étudiants en licence en France. Ces systèmes ne partent pas du principe que les parents doivent d’abord assumer la responsabilité de leurs enfants ni qu’il faut nécessairement suivre une stratégie « Robin des Bois » en donnant plus à ceux qui ont moins. En résumé, ils sont diamétralement opposés à ce qui se fait en France.

Alors, quelle serait la meilleure approche pour lutter contre la précarité étudiante ? A première vue, on pourrait penser que la stratégie redistributive « Robin des Bois » française est la plus appropriée pour la diminuer en donnant plus à ceux qui ont moins : pourquoi donner la même chose à des jeunes provenant de familles riches ? Cependant, une recherche récente indique que les pays qui reconnaissent le statut d’adulte des jeunes, donc qui rejettent la « familialisation » des politiques visant les jeunes, ont les niveaux de privation matérielle et de pauvreté « subjective » les plus faibles parmi les étudiants en Europe. En d’autres mots, la « familialisation » ne serait pas la meilleure approche pour améliorer les conditions de vie des jeunes. Mais comment expliquer ce résultat qui bouscule les idées reçues pour les étudiants ?

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