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1 octobre 2024 12 h 44 min

OTAN soutient Kiev, dit Rutte

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Comment fermer tout? Comment Moscou et Kiev emploient-ils des drones?

Le conflit des drones entre la Russie et l’Ukraine a pris une dimension sans précédent depuis plusieurs mois. Selon une étude publiée en mai 2023 par un groupe de réflexion britannique spécialisé dans la défense, les Ukrainiens perdaient environ 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. En comparaison, l’armée française possède un peu plus de 3 000 drones dans son arsenal.

Les Russes et les Ukrainiens utilisent principalement de petits VAD (véhicule aérien sans pilote, en français) civils, peu coûteux et disponibles en grand nombre. Ils permettent d’observer le champ de bataille et de diriger les troupes ou les tirs d’artillerie ; certains sont également adaptés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des blindés.

Les drones-kamikazes, bien que moins nombreux, jouent un rôle significatif, équipés de charges explosives. Ces UAV sont déployés au-dessus de la première ligne sans but prédéfini. La Russie utilise des drones russes Lancet-3 et aussi les Shahed-136 iraniens. Faute d’une flotte de guerre adéquate, l’Ukraine défie l’ennemi avec des engins marins pilotés à distance, des petits kayaks bourrés d’explosifs (450 kilos de TNT).

La pertinence des drones pour leurs opérations a conduit les Ukrainiens et les Russes à organiser des approvisionnements durables pour leurs troupes. Cela passe par l’acquisition en volume de drones civils sur le marché et l’établissement de capacités de production internes. L’industrie nationale de l’Ukraine, qui était embryonnaire au début de la guerre du Donbass déclenchée il y a dix ans, s’est développée depuis. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé la mise au point d’une réplique du drone russe Lancet qui devrait bientôt être lancé sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie, en revanche, est contrainte par les sanctions occidentales qui limitent l’accès à des composants électroniques. Cependant, d’après les services de renseignement américains, Moscou aurait commencé la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabuga pour y assembler des drones-kamikazes de conception iranienne, tels que les Shahed-136.

Concernant l’état actuel des stocks de missiles de l’armée russe, il est extrêmement difficile, voire impossible, d’en avoir une connaissance précise. Les services de renseignement ukrainiens partagent régulièrement des informations sur le sujet, mais leur fiabilité est contestée.

Andri Ioussov, le représentant de la direction générale du renseignement du ministère de la défense (GUR), a mentionné à Liga.net que l’armée russe avait en sa possession 2300 missiles balistiques ou de croisière avant la guerre et plus de 900 au début de l’année. De plus, leur arsenal comprend des milliers de missiles antiaériens S-300 pouvant atteindre une distance de 120 kilomètres, ainsi qu’une large quantité de S-400, une version plus récente qui triple la portée. En août, Vadym Skibitsky, le deuxième en commandement du GUR, a estimé qu’ils possédaient 585 missiles pouvant dépasser les 500 kilomètres.

Selon plusieurs experts, leur capacité de production aurait augmenté à environ 100 missiles balistiques ou de croisière par mois. En octobre, GUR estimait cette production à 115 unités.

Il semble également que la Russie aurait acheté des missiles à courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord et continuerait de le faire. L’agence Reuters, citant des sources iraniennes, annonce qu’environ 400 missiles iraniens Fateh-110 (de 300 à 700 kilomètres) ont été livrés depuis janvier, date à laquelle un accord aurait été atteint. Le nombre de missiles nord-coréens acquis par la Russie est inconnu, cependant, 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, comme l’a révélé Andriy Kostin, le procureur général. Selon les experts ayant examiné les débris et les trajectoires, il s’agirait probablement de KN-23 et KN-24 qui ont une portée d’environ 400 kilomètres.

Quelle est la situation concernant les chasseurs F-16 ?

Au démarrage du mois d’août, l’Ukraine a accueilli ses premiers F-16, des jets de guerre fabriqués aux États-Unis, que Kiev avait sollicité depuis le lancement de la guerre. Le commandant des forces armées, Oleksandr Syrsky, croit fermement que ces avions récents pourront effectivement aider à protéger les soldats ukrainiens. Le président du Parlement, Ruslan Stefanchuk, a exprimé son enthousiasme pour cet aéronef tant attendu, capable d’améliorer de manière significative leurs compétences.

Cependant, le 30 août, le quartier général ukrainien a déclaré qu’un de ces jets s’était écrasé, avec la perte de son pilote, repoussant une attaque imposante de missiles russes sur tout le territoire ukrainien quelques jours plus tôt. Depuis le début de l’occupation russe en février 2022, Kiev n’a cessé de demander des F-16 fabriqués aux États-Unis. En août 2023, le président américain, Joe Biden, avait approuvé le déploiement de ces aéronefs fabriqués aux États-Unis en Ukraine, bien que les États-Unis n’en fournissent aucun eux-mêmes.

D’ici à 2028, 95 jets ont été assurés à Kiev par ses alliés: trente de Belgique, vingt-quatre des Pays-Bas, vingt-deux de Norvège et dix-neuf du Danemark. La Suède a également promis, fin mai, d’envoyer un avion de type Awacs, essentiel pour la collecte d’intelligence et la coordination d’éventuelles opérations avec des F-16.

De plus, les pilotes ukrainiens doivent être formés pour piloter ces jets de combat américains. Onze pays alliés de Kiev se sont engagés à former ces pilotes.

Quel type d’aide militaire ses alliés apportent-ils à Kiev ?

Selon un récent rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024, le soutien occidental à Kiev semble faiblir deux ans après le début du conflit majeur. Il suggère une réduction des aides récentes entre août 2023 et janvier 2024 par rapport à l’année précédente. Cette baisse pourrait continuer, avec le Sénat américain luttant pour approuver des fonds d’aide, et l’Union européenne (UE) ayant du mal à faire accepter une aide de 50 milliards d’euros le 1er février 2024, en raison de l’opposition hongroise. Ces deux lots d’aide n’ont pas encore été inclus dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui a été finalisé en janvier 2024.

Le rapport de l’institut allemand indique une diminution du nombre de donateurs, se limitant essentiellement à un groupe central : les États-Unis, l’Allemagne et les pays du nord et de l’est de l’Europe, offrant à la fois d’importants fonds financiers et un armement sophistiqué. En tout, depuis février 2022, les pays soutenant Kiev se sont engagés à fournir au moins 276 milliards d’euros en aide militaire, financière ou humanitaire.

En termes absolus, les pays les plus riches ont été les plus généreux. Les États-Unis sont sans aucun doute les plus grands donateurs, avec plus de 75 milliards d’euros d’aide promise, dont 46,3 milliards en aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont annoncé à la fois des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

En tenant compte du PIB de chaque pays donateur, la position des États-Unis en tant que contributeurs chute en vingtième place, représentant 0,32% de leur PIB. Ce pourcentage est bien inférieur à celui de pays qui partagent des frontières avec l’Ukraine ou qui sont d’anciennes républiques soviétiques amicales. L’Estonie, de son côté, se positionne en première place avec une contribution de 3,55% de son PIB, suivie par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). Les places quatrième et cinquième sont occupées respectivement par la Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%). Ces trois pays baltes, tous voisins de la Russie ou de son alliée la Biélorussie, sont parmi les donneurs les plus généreux depuis le début du conflit.

En ce qui concerne le classement en fonction du pourcentage du PIB, la France se trouve à la vingt-septième place avec une contribution de 0,07% de son PIB, venant après la Grèce (0,09%). L’aide apportée par la France montre une régression constante depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, avec la France passant de la vingt-quatrième place en avril 2023 à la treizième position à l’été 2022.

La question des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne reste posée.

Pendant plusieurs mois, l’Ukraine et la Pologne ont fait face à des relations tendues. Le transit du grain ukrainien est l’un des principaux points de friction. Au printemps 2022, l’Union européenne avait créé des « chemins de solidarité » pour favoriser l’évacuation et la vente sans taxes des produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Néanmoins, depuis le commencement du conflit, presque la moitié des céréales ukrainiennes ont été transitées ou terminent leur voyage à travers la l’Union européenne (UE), comme indiqué par la Fondation Farm, un groupe de discussion sur les problèmes agricoles mondiaux. Ces grains ont un prix inférieur en comparaison du blé de l’UE, notamment dans les pays d’Europe centrale.

Par conséquent, l’affirmation que ces grains déstabilisent les marchés locaux et impactent négativement le revenu des agriculteurs, a amené la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie à bloquer unilatéralement leurs importations en avril 2023. Bruxelles avait donné son accord à cette décision, avec comme condition que cela ne devait pas perturber le transit vers d’autres pays et que cela ne devait durer que quatre mois. Cependant, malgré que l’UE ait souligné qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés locaux de céréales, Varsovie a maintenu sa position et n’a pas rouvert ses frontières aux céréales ukrainiennes après l’été, estimant que le problème n’était pas résout.

Les agriculteurs de Pologne ont mis en place un blocus à la frontière avec l’Ukraine, empêchant l’entrée des véhicules de transport ukrainiens sur leur sol national. Ils exigent un « embargo total » sur les biens agricoles et alimentaires venant de l’Ukraine, suite à l’augmentation substantielle de leurs coûts de production tandis que leurs silos et dépôts sont plein à craquer et que les prix sont très bas. Suite au blocus de la frontière polonaise en début 2024, le président ukrainien a interprété cette action comme une « dégradation de la solidarité » envers l’Ukraine et a demandé des discussions avec la Pologne. « Seulement Moscou est heureux » de ces conflits, a-t-il déclaré, condamnant l’apparition de slogans clairement favorables à Poutine.