Le programme de Trump pourrait générer une inflation qui surpasserait celle provoquée par Biden aux États-Unis. En fait, les politiques de Trump pourrait lui attirer une haine plus intense de la part des Américains qu’ils en ont précédemment démontré pour l’inflation sous Biden. Ces politiques incluent l’instauration de tarifs douaniers, l’expulsion de travailleurs en masse, et des tentatives d’ébranler l’indépendance de la Réserve fédérale. Ces potentielles erreurs pourraient s’avérer tout aussi désastreuses que celles qui ont marqué le début du mandat Biden, inaugurant ainsi la ‘saison deux’ de l’inflation.
La ‘première saison’ a aussi laissé des séquelles : l’approbation d’un plan de relance hâtif et mal chronométré par le président démocrate en 2021, alors que l’économie américaine se remettait du covid-19 et avait accès à deux vaccins efficaces. Cette décision, couplée avec la politique d’intérêts nuls de la Fed (qui pensait que l’inflation était temporaire) et la rupture des chaînes d’approvisionnement à la suite de la pandémie, avait entraîné une inflation de 9,1 % en juin 2022. Au total, l’inflation sous Biden a atteint 20 %.
Les conséquences des politiques proposées par Trump pourraient aussi être désastreuses, comme l’indique une étude publiée le 26 septembre par le Peterson Institute for International Economics de Washington. Cet organisme de recherche centre-gauche favorable à la globalisation a étudié trois aspects clés des promesses du candidat républicain.
Le plan envisagé comprend initialement l’éviction des travailleurs non-documentés qui soutiennent le secteur agricole et industriel des États-Unis. Le planificateur s’inspire de l’opération d’expulsion à grande échelle entreprise en 1956 par Dwight Eisenhower, qui avait « nettoyé » environ 1.3 million de travailleurs. L’extrémité supérieur du plan Trump envisage le retour de tous les résidents illégaux, soit environ 8.3 millions de personnes. La seconde partie du plan conservateur consiste à appliquer instantanément une taxe d’importation de 10% sur toutes les importations et de 60% sur celles qui proviennent de Chine. Cette mesure augmentera le coût des produits importés et nuira aux exportations américaines en cas de représailles de la part des partenaires commerciaux des États-Unis.
Mesures restrictives
Le troisième volet du plan consiste à désigner un président de la Fed, la banque centrale américaine, plus souple que Jerome Powell et à s’impliquer dans la politique monétaire, comme dans les années 70, lors de la stagflation, jusqu’à la nomination de Paul Volcker en 1979. Cette mesure aurait un effet auto-réalisateur, avec les marchés préparant une inflation plus importante. Tous ces dispositifs pourraient être mis en œuvre assez rapidement par le président, sans l’assistance significative du Congrès, bien que des litiges judiciaires sont à prévoir.
D’après les estimations du Peterson Institute, si le scénario pessimiste se produit (expulsions massives et ripostes commerciales de la part des alliés américains), l’inflation annuelle pourrait s’élever à 7,4% en 2026. Dans le scénario optimiste (peu de ripostes commerciales et expulsions limitées à 1,3 million de personnes), cette hausse serait limitée à 4,1%. Le produit intérieur brut américain connaitrait une croissance moins importante que prévu sous l’administration Trump – soit environ 10%, équivalent à 2 570 milliards de dollars d’ici la fin 2028, dans le scénario pessimiste; ou 2,8%, soit 750 milliards de dollars dans le scénario prospère. Par ailleurs, le nombre total d’emplois aux États-Unis pourrait décliner de 1,1% à 6,7% d’ici la fin 2028, en fonction du nombre de travailleurs expulsés.
Le reste de cet article, soit 26,91%, n’est accessible que pour les abonnés.