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1 octobre 2024 14 h 47 min

Condamnations injustes par théories médicales

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« Combien de sacrifice peut-on faire au nom de la « science » ? La vie de Robert Roberson, un américain de 57 ans atteint d’autisme, se trouve au bord de l’abîme, avec son exécution prévue au Texas le 17 octobre. Cette situation met en lumière une question d’une intensité quasi tragique.
En 2003, Roberson a été condamné à mort sur la base d’une hypothèse médicale qui a vu le jour aux États-Unis dans les années 1970. Cette hypothèse, désormais contestée à l’échelle mondiale, a conduit à plus de trente acquittements aux États-Unis à ce jour. Sa fille Nikki est décédée à l’âge de deux ans à la suite de hémorragies intracrâniennes et rétiniennes, perçues comme des indicateurs incontestables de violences physiques. Le diagnostic du syndrome du bébé secoué est aujourd’hui considéré comme plus délicat à déterminer, suite notamment à un rapport gouvernemental suédois de 2016. En France, les directives de la Haute Autorité de santé sur ce sujet sont contestées et souvent contredites depuis plusieurs années. Un nouvel éclairage est attendu en 2025.
En janvier, des médecins qui ont réévalué le cas de Nikki ont découvert d’autres raisons possibles de son décès, y compris une pneumonie sévère. Le manque de réaction émotionnelle de Roberson en 2003 a été pris pour un aveu de culpabilité: son autisme n’a été identifié que quinze ans plus tard. Aujourd’hui, son innocence est soutenue par une coalition de 34 scientifiques et docteurs, 86 membres de la Chambre des Représentants du Texas, des organisations comme le Projet Innocence, des figures publiques comme l’auteur John Grisham et le détective en charge de l’enquête – qui a fini par reconnaître son erreur. Ils font appel à la clémence du gouverneur du Texas, Greg Abbott, afin d’éviter l’exécution.
Victimes de la loi de Meadow. »

L’histoire tragique de Roberson montre en quoi la pratique obsolète d’appliquer sans discernement une science mal comprise doit absolument être abandonnée, une notion déjà mise en avant par l’Académie américaine des sciences en 2009. Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de vies brisées en raison de leur utilisation dans les tribunaux.

Prenez par exemple Melissa Lucio, condamnée à mort au Texas en 2008 suite au décès de son enfant de 2 ans. La première hypothèse des médecins légistes suggérant un meurtre a depuis était remise en question. Suite à un documentaire réalisé par Sabrina Van Tassel diffusé en 2021, ainsi qu’à la mobilisation d’une communauté internationale dont les anciens ministres de la Justice français, Robert Badinter et Christiane Taubira, son exécution a été retardée à la dernière minute en 2022. Elle attend maintenant sa libération.

Prenons aussi l’exemple de Kathleen Folbigg, surnommée « la pire tueuse en série d’Australie », qui a été libérée et disculpée en 2023 après avoir passé vingt ans en prison. Elle avait été condamnée à une peine de 40 ans suite au décès de ses quatre enfants. Au-delà de son sentiment de culpabilité exprimé dans son journal, des spécialistes avaient invoqué la « loi de Meadow », selon laquelle la survenue de plusieurs morts subites de nourrissons dans la même famille serait si peu probable qu’il ne peut être question que de meurtres cachés. Une équipe internationale dirigée par la généticienne Carola Vinuesa a fini par identifier des mutations génétiques rares chez les enfants de Folbigg, dont une associée à des décès soudains naturels. Cette histoire a été détaillée dans l’édition d’avril 2024 de la revue de l’Association française pour l’information scientifique.

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