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1 octobre 2024 7 h 47 min

Amateurs fossiles: passionnés clés science

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Sylvie et Eric Monceret, deux paléontologues passionnés de 56 ans, ont découvert discrètement un site exceptionnel de fossiles dans les collines environnant le petit village de Cabrières, dans l’Hérault. Armés de leurs marteaux de géologue, ils frappent prudemment la roche schisteuse pour révéler d’anciens fossiles, chaque trouvaille accroissant leur enthousiasme presque enfantin. En fouillant dans ces galets schisteux, des présents géologiques ovales provenant de la profondeur des temps, ils découvrent constamment de nouvelles formes de vie pétrifiées – trilobites, gastéropodes, graptolites, orthocères et autres conulaires.

Leur secret le mieux gardé est un « nid » de fossiles inhabituel qu’ils ont découvert en 2018. Ce site unique n’a été officiellement dévoilé qu’en 2024 dans la revue Nature Ecology & Evolution, une fois la flore et la faune du site évaluées et caractérisées. Cependant, de peur d’attirer des vandales, le couple reste très prudent en dévoilant l’emplacement exact de cette précieuse mine d’information géologique qui remonte à 480 millions d’années.

Effectivement, cette découverte est d’une importance majeure. Même si le site n’égale pas la renommée des schistes de Burgess dans les montagnes rocheuses du Canada, qui depuis plus de cent ans ont livré des dizaines d’espèces primitives et exotiques, il prendra une place honorifique parmi les Konservat-Lagerstätten, (« gisements d’une conservation exceptionnelle »). Selon Bertrand Lefebvre du CNRS et du laboratoire de géologie de Lyon, ces sont des dépôts de fossiles aux tissus mous préservés. Le paléontologue avec qui le couple travaille et qui a supervisé l’étude de ces nouveaux fossiles, s’émerveille en disant que pour eux, c’est une véritable mine d’or, où l’on peut espérer décrire de 120 à 150 espèces!

Sylvie et Eric Monceret font partie de cette communauté non officielle de paléontologues amateurs, des autodidactes passionnés qui parcourent les routes, les falaises et les bois à la recherche des plus minuscules preuves. Ils se comptent par centaines, voire « milliers », selon Eric Buffetaut, chercheur émérite au CNRS et membre du laboratoire de géologie de l’Ecole Normale Supérieure. Il serait prêt à répertorier ces personnes, des plus éthiques aux moins recommandables. En excluant les pilleurs, qui existent malheureusement, il pense que l’opposition avec les professionnels est « plutôt artificielle ». « La paleontologie est en train de disparaître, souligne-t-il. Les amateurs exécutent une surveillance que nous ne pouvons exercer ». Selon lui, si les scientifiques sont parfois moins protecteurs avec leurs fossiles, la principale motivation est souvent la même : retrouver un sentiment d’émerveillement d’enfance face à l’immensité du temps.

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