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30 septembre 2024 8 h 47 min

Russie attaque Kiev avec drones

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Tout refermerComment Moscou et Kiev font-ils usage de drones ?

Récemment, la guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine a pris une dimension sans précédent. Selon une étude, diffusée en mai 2023 par un groupe de réflexion britannique focalisé sur les problématiques de défense, les Ukrainiens perdaient à peu près 10 000 drones mensuellement sur le théâtre des opérations, ce qui équivaut à plus de 300 par jour. Pour mettre en perspective, l’armée française possède un peu plus de 3 000 aéronefs non habités dans ses stocks.

Les Ukrainiens et les Russes font majoritairement usage de petits UAV (véhicules aériens non habités, en anglais) d’origine civile, qui sont à la fois économiques et disponibles en large quantité. Ils sont utilisés pour surveiller le terrain de bataille et pour diriger les troupes ou les tirs d’artillerie ; certains sont également adaptés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite déversées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones de combat, bien que moins nombreux, jouent une part essentielle dans la guerre. Ces UAV, munis de charges explosives, sont mis en position au-dessus du front sans mission spécifique préétablie. La Russie emploie les drones de fabrication locale Lancet-3 ainsi que ceux conçus en Iran, les Shahed-136. L’Ukraine, ne possédant pas de flotte maritime digne de ce nom, se moque de l’ennemi par l’utilisation de véhicules nautiques télécommandés, des petits kayaks télécommandés remplis d’explosifs (450 kg de TNT).

L’importance des drones dans leurs opérations n’est pas perdue sur Ukrainiens et Russes. Non seulement ils prévoient d’acheter massivement des drones civils sur le marché, mais ils développent également leurs propres capacités de production. La production de drones en Ukraine, bien qu’initialement hésitante, a augmenté depuis le début de la guerre du Donbass il y a dix ans. À la fin du mois d’août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a dévoilé qu’une réplique du drone russe Lancet était en préparation et serait bientôt déployée sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Les sanctions occidentales, qui restreignent l’accès de la Russie à des composants électroniques, l’ont mise en difficulté. Cependant, selon les services de renseignements américains, Moscou aurait commencé à construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour y produire des drones de combat similaires au Shahed-136 iranien.

Quant aux stocks de missiles russes, il est extrêmement difficile, voire impossible, de connaître leur état actuel. Les services de renseignement ukrainiens communiquent régulièrement à ce sujet, mais leurs chiffres sont parfois douteux.

D’après des informations fournies par Andri Ioussov, un porte-parole du GUR (la Direction Générale du Renseignement du Ministère de la Défense), que Liga.net cite, l’arsenal russe incluait 2300 missiles balistiques ou de croisière avant le début des conflits, avec encore plus de 900 restants au début de l’année. Ajouté à cela, Ioussov mentionne des milliers de missiles anti-aériens S-300, ayant une portée d’environ 120 kilomètres, et un large stock de S-400, une version plus récente avec une portée triplée. En août, un autre responsable du GUR, Vadym Skibitsky, énumérait 585 missiles avec une portée dépassant 500 kilomètres.

Concernant leurs capacités de production, certains experts estiment qu’ils atteindraient une centaine de missiles balistiques ou de croisière chaque mois. En octobre, le chiffre de leur production était évaluée par le GUR à 115.

De plus, il semble que la Russie ait acquis des missiles à courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord, et continue d’en obtenir. D’après l’agence de presse Reuters, qui cite diverses sources iraniennes, environ 400 missiles iraniens de la famille Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) lui ont été fournis depuis janvier, lorsque un accord fut signé. Il n’est pas clair combien de missiles nord-coréens la Russie a acquises, mais entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, 24 missiles ont été lancés en Ukraine, indique le procureur général, Andriy Kostin. Selon les analystes qui ont étudié les débris et les trajectoires, il semblerait qu’ils soient des KN-23 et KN-24, d’une portée circulaire de 400 kilomètres.

Et qu’est-il des avions de combat F-16 ?

En début d’août, l’Ukraine a accueilli ses premiers F-16, des engins de combat d’origine américaine demandés depuis le commencement de la guerre. Selon Oleksandr Syrsky, le leader des forces armées, l’emploi judicieux de ces avions modernes peut aider à préserver la vie des soldats ukrainiens. Le président du Parlement, Ruslan Stefanchuk, s’est réjoui de l’arrivée de ce « jet de combat si attendu, capable d’améliorer considérablement nos compétences ».

Cependant, à la fin d’août, le haut commandement ukrainien a confirmé qu’un de ces avions s’était abîmé, tuant son pilote, lorsqu’il repoussait une attaque de missiles russes à grande échelle sur tout le territoire ukrainien quelques jours avant. Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, Kiev insiste pour recevoir des F-16 fabriqués en Amérique. En août 2023, le président américain, Joe Biden, a autorisé le déploiement de ces appareils en Ukraine, même si les États-Unis ne fournissent aucun de leurs propres avions.

À l’horizon 2028, 95 avions ont été promis à Kiev par ses alliés: trente de Belgique, vingt-quatre des Pays-Bas, vingt-deux de Norvège et dix-neuf du Danemark. La Suède s’est également engagée à envoyer un avion de type Awacs en fin de mai, essentiel pour le renseignement et la coordination des opérations probables avec les F-16.

D’autre part, les pilotes ukrainiens doivent être entraînés sur ces appareils de combat américains. Onze pays alliés de Kiev ont accepté de former des pilotes ukrainiens.

Quel type de soutien militaire les alliés de l’Ukraine leur apportent-ils ?

Deux ans après l’escalade de la guerre, le soutien de l’Occident envers Kiev semble s’affaiblir : les aides récentes ont diminué entre août 2023 et janvier 2024 par rapport à l’année précédente, d’après le dernier rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024. Cette tendance pourrait perdurer, le Sénat américain se bat pour obtenir une approbation des aides tandis que l’Union Européenne (UE) a eu du mal à adopter une aide de 50 milliards le 1er février 2024, à cause du blocage hongrois. A noter que ces deux offres d’aide ne sont pas répertoriées dans le dernier rapport de l’Institut Kiel qui ne va que jusqu’à janvier 2024.

Les chiffres de l’institut allemand révèlent que le nombre de donateurs diminue, se recentrant sur un groupe de pays principaux : les Etats-Unis, l’Allemagne, les pays du nord et de l’est de l’Europe, garantissant à la fois un financement conséquent et un équipement militaire avant-gardiste. Depuis février 2022, les pays soutenant Kiev se sont engagés pour au moins 276 milliards d’euros sur le plan militaire, financier ou humanitaire.

Les pays les plus fortunés sont aussi les plus généreux. Les Etats-Unis sont les plus grands donateurs avec plus de 75 milliards d’euros prévus pour l’aide, dont 46,3 milliards sont destinés à l’aide militaire. Les pays de l’UE ont prévu des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) ainsi que des aides mutuelles provenant du budget de l’UE (93,25 milliards d’euros), élevant le total à 158,1 milliards d’euros.

En comparant les contributions des pays donateurs par rapport à leur produit intérieur brut (PIB), le classement se modifie. Les Etats-Unis descendent à la vingtième place, contribuant seulement 0,32% de leur PIB, ce qui est bien loin derrière des pays proches de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques amies. L’Estonie occupe la première place avec un pourcentage de 3,55% de son PIB, suivie par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). La Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%) complètent les cinq premières places. Ces trois Etats baltes, ayant des frontières communes avec la Russie ou son alliée, la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.

Pour ce qui est du pourcentage du PIB, la France se retrouve à la vingt-septième place, n’ayant engagé que 0,07% de son PIB, légèrement après la Grèce (0,09%). L’aide fournie par la France a diminué de façon régulière depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La France était vingt-quatrième en avril 2023 et treizième en été 2022.

Qu’en est-il des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Les tensions entre l’Ukraine et la Pologne ont été palpables depuis plusieurs mois, principalement à cause du transit des céréales ukrainiennes. Au début du printemps 2022, la Commission européenne avait tenté d’apaiser les tensions en instaurant des « corridors de solidarité » afin d’encourager l’évacuation et la commercialisation des produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient, en supprimant les droits de douane.

Cependant, selon la Fondation Farm, qui se concentre sur les problématiques agricoles mondiales, près de la moitié des céréales ukrainiennes passaient par ou terminaient leur voyage au sein de l’Union européenne (UE). Ces céréales, moins chères que le blé produit dans l’UE, notamment en Europe centrale, ont créé un déséquilibre sur le marché local et ainsi affecté les revenus des agriculteurs.

Pour protéger leurs marchés internes, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont décidé d’arrêter leurs importations en avril 2023. Bruxelles a approuvé cette décision, à la condition que le transit vers d’autres pays ne soit pas interrompu et que l’embargo ne dépasse pas quatre mois.

À la fin de l’été, malgré que Bruxelles ait jugé que l’embargo n’était plus justifié car ses analyses démontraient « qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux pour les céréales », la Pologne a refusé de rouvrir sa frontière aux céréales ukrainiennes, estimant que le problème initial n’avait pas été résolu.

Les protestataires agricoles en Pologne ont instauré un blocage sur la frontière polono-ukrainienne, empêchant ainsi l’entrée des camions ukrainiens sur leur sol national. Ils exigent un embargo total sur les produits ukrainiens issus de l’agriculture et de l’alimentation. Selon eux, cette mesure est nécessaire face à l’augmentation rapide de leurs coûts de production et la saturation de leurs silos et entrepôts, alors même que les prix restent à un niveau très bas. Le président ukrainien a interprété ce blocus, mis en place au début de 2024, comme un signe du déclin de la solidarité envers son pays et a demandé des négociations avec la Pologne. Par ailleurs, il a soutenu que Moscou était le seul à se réjouir de ces tensions, et a déploré la montée de slogans pro-Poutine.

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