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30 septembre 2024 21 h 50 min

Poutine conscrit 133 000 Russes

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RéduireTout. Comment Moscou et Kiev utilisent-ils les drones ?
Depuis un certain temps, la bataille des drones entre la Russie et l’Ukraine a gagné en intensité. Selon une étude publiée en mai 2023 par un groupe de réflexion britannique spécialisé en défense, les Ukrainiens perdent approximativement 10 000 drones tous les mois sur le terrain de la guerre, soit plus de 300 chaque jour. En comparaison, l’armée française n’a guère plus de 3 000 drones dans ses stocks.
Les Ukrainiens et les Russes exploitent principalement de petits véhicules aériens sans pilote (appelés Unmanned Aerial Vehicle en anglais) d’origine civile, abordables et largement disponibles. Ils sont souvent utilisés pour surveiller le théâtre de la guerre, diriger les soldats ou les tirs d’artillerie. Certains sont même adaptés pour transporter de petites cargaisons explosives, qui sont ensuite larguées sur les tranchées ou les véhicules blindés.

Les drones-suicides, bien que moins courants, jouent un rôle crucial. Équipés de charges explosives, ces UAV sont envoyés au-dessus des lignes de combat sans cible préalablement désignée. Les drones Lancet-3 russes et les Shahed-136 iraniens sont utilisés par Moscou. L’Ukraine, ne possédant pas de flotte de guerre efficace, défie l’ennemi avec des engins maritimes télécommandés, des petits kayaks remplis d’explosifs (450 kilos de TNT).

Les forces ukrainiennes et russes ont compris l’importance des drones pour leurs missions et se sont préparées à soutenir leurs troupes à long terme. Ce soutien comprend l’achat en gros de drones civils sur le marché et le développement d’une production locale. L’industrie nationale ukrainienne, qui en était à ses balbutiements au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, a depuis gagné en force. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé la création d’un drone copiant le modèle russe Lancet, qui sera prochainement lancé sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie, affectée par les sanctions occidentales limitant son accès aux composants électroniques, éprouve davantage de difficultés. Cependant, selon les agences de renseignement américaines, Moscou aurait commencé à construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour fabriquer les drones-suicides Shahed-136 fabriqués en Iran.

Les informations sur l’état actuel des stocks de missiles de l’armée russe sont difficiles, voire impossibles, à obtenir. Les agences de renseignement ukrainiennes divulguent régulièrement des informations à ce sujet, mais leurs évaluations sont sujettes à des doutes.

Andri Ioussov, représentant des services de renseignements du département de défense (GUR), a déclaré à Liga.net que l’armée russe possédait avant la guerre environ 2 300 missiles balistiques ou de croisière, et plus de 900 étaient toujours en stock au début de l’année. Il a ajouté que l’armée détenait plusieurs milliers de missiles antiaériens S-300, avec une portée de 120 kilomètres, ainsi qu’une large réserve de S-400, une version plus récente avec une portée triplée. En août, Vadym Skibitsky, le second du GUR, a émis l’estimation que 585 missiles avaient une portée de plus de 500 kilomètres.

En ce qui concerne la production, experts estiment que la Russie serait à mesure de produire une centaine de missiles balistiques ou de croisière chaque mois. Le GUR estimait que le chiffre de production se situait à 115 unités en octobre.

La Russie a également acheté des missiles à courte portée en Iran et en Corée du Nord et semble continuer à en acheter. L’agence de presse Reuters, citant plusieurs sources iraniennes, rapporte que 400 missiles iraniens Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) ont été livrés à la Russie depuis janvier, suite à un accord. Le nombre de missiles provenant de la Corée du Nord acquis par la Russie est inconnu, mais 24 d’entre eux ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, comme le rapporte le procureur général, Andriy Kostin. D’après l’analyse des débris et des trajectoires par des experts, il s’agirait très probablement des missiles KN-23 et KN-24, ayant une portée d’environ 400 kilomètres.

Et à propos des avions de chasse F-16 ?

En début août, l’Ukraine a reçu ses premiers avions de combat F-16 fabriqués aux États-Unis, une demande de Kiev depuis le commencement du conflit. Selon le commandant des forces armées, Oleksandr Syrsky, l’emploi efficace de ces avions modernes pourrait contribuer à préserver la vie des soldats ukrainiens. Le président du Parlement, Ruslan Stefanchuk, a salué l’arrivée de « l’avion de combat tant attendu, qui a le potentiel d’accroître considérablement nos capacités ».

Cependant, le 30 août, le commandement militaire ukrainien a confirmé qu’un de ces avions s’est écrasé et que le pilote est décédé, durant une tentative pour repousser une assaut intensif de missiles russes traversant le territoire ukrainien quelques jours auparavant. Depuis le début de l’occupation russe en février 2022, Kiev plaide inlassablement à Washington pour obtenir des F-16 fabriqués aux États-Unis. En août 2023, le président américain, Joe Biden, a autorisé le déploiement de ces engins de fabrication américaine en Ukraine, même si les USA ne fournissent aucun de leurs propres avions.

D’ici à 2028, il a été promis à Kiev la livraison de 95 aéronefs par ses alliés : trente de la Belgique, vingt-quatre des Pays-Bas, vingt-deux de Norvège et dix-neuf du Danemark. En mai, la Suède s’est également engagée à fournir un avion Awacs, essentiel pour le recueil de renseignements et la coordination d’opérations éventuelles avec les F-16.

Par ailleurs, il faut que les pilotes ukrainiens soient formés pour manœuvrer ces avions de combat américains. Onze pays alliés se sont engagés à prendre en charge la formation de ces pilotes.

Quel type de support militaire est fourni à Kiev par ses alliés ?

Selon le dernier bulletin de l’Institut Kiel en février 2024, deux ans après le déclenchement d’un conflit majeur, le maintien du soutien occidental à Kiev s’affaiblit. Les assistances récemment instaurées ont diminué entre août 2023 et janvier 2024 par rapport à l’année antérieure. Le Sénat américain lutte pour approuver des aides supplémentaires et l’Union européenne (UE) a eu du mal à faire adopter le 1er février 2024 une aide de 50 milliards à cause du veto hongrois. Il convient de souligner que ces deux lots d’aides ne sont pas encore inclus dans le dernier rapport de l’Institut Kiel qui s’arrête en janvier 2024.

L’Institut allemand révèle une réduction du nombre de bailleurs de fonds centrés principalement autour d’un groupe de pays: les États-Unis, l’Allemagne, et les pays du Nord et de l’Est de l’Europe, offrant à la fois une assistance financière importante et des équipements militaires avancés. Depuis février 2022, les pays en soutien à Kiev se sont engagés pour au moins 276 milliards d’euros en termes financiers, militaires et humanitaires.

Les nations les plus aisées ont été les plus libérales en termes d’aide. Les États-Unis sont les plus grands contributeurs, avec plus de 75 milliards d’euros d’aide promise, dont 46,3 milliards consacrés à l’aide militaire. Les nations de l’UE ont annoncé des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des fonds communs de l’UE (93,25 milliards d’euros), totalisant 158,1 milliards d’euros.

En comparant les contributions financières mises en rapport avec le produit intérieur brut (PIB) des pays donateurs, une réorganisation de leur classement s’opère. Les États-Unis quittent le sommet pour se repositionner à la vingtième place (0,32% de leur PIB), derrière des nations limitrophes de l’Ukraine ou d’anciens territoires soviétiques alliés. L’Estonie se hisse à la première place des aides en pourcentage du PIB avec 3,55 %, talonnée par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) viennent compléter les cinq premiers. Les trois pays baltes, qui partagent tous une frontière avec la Russie ou sa partenaire, la Biélorussie, sont parmi les plus généreux depuis le déclenchement du conflit.

En ce qui concerne le pourcentage du PIB, la France se retrouve à la vingt-septième place, ayant contribué avec 0,07 % de son PIB, précédée de près par la Grèce (0,09 %). L’assistance fournie par la France a constamment diminué depuis l’initiation de l’occupation de l’Ukraine par la Russie – la France était à la vingt-quatrième position en avril 2023 et au treizième rang à l’été 2022.

Qu’avons-nous appris des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Les tensions entre l’Ukraine et la Pologne ont persisté depuis des mois, principalement en raison des différends concernant le transit des céréales ukrainiennes. Au cours du printemps 2022, la Commission européenne avait instauré des « routes de solidarité » pour aider l’Ukraine à évacuer et vendre ses produits agricoles, sans frais de douane, vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Cependant, selon la Fondation Farm, une think tank en matière d’agriculture mondiale, près de la moitié des céréales ukrainiennes passent par ou terminent leur voyage dans l’Union européenne. De plus, ces céréales sont proposées à des tarifs nettement inférieurs à celui du blé produit au sein de l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

Pour protéger leurs marchés locaux et les revenus de leurs agriculteurs, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont décidé de bloquer leurs importations de céréales ukrainiennes en avril 2023. Cependant, cette décision était sujette à l’approbation de Bruxelles, à condition qu’elle n’entrave pas le transit vers d’autres pays et qu’elle ne dure que quatre mois. À la fin de l’été, quand l’embargo était censé prendre fin, Varsovie a choisi de maintenir ses frontières fermées aux céréales ukrainiennes, malgré l’avis de Bruxelles qui considérait que l’embargo n’était plus justifié. La Commission européenne affirmait en effet que ses recherches ne montraient plus de distorsions sur les marchés nationaux concernant les céréales.

Les fermiers polonais ont mis en place un blocus à la frontière ukraino-polonaise pour empêcher l’accès des camions ukrainiens à leur pays, demandant une « interdiction totale » des marchandises agricoles et alimentaires ukrainiennes. Ils sont mécontents de l’augmentation significative de leurs coûts de production tandis que les entrepôts sont débordants et les prix sont extrêmement bas. Le président de l’Ukraine a déclaré début 2024 que le blocus de la frontière polonaise signifiait « l’affaiblissement de la solidarité » envers son pays et a demandé des discussions avec la Pologne. « Seule la Russie est ravie » de ces conflits, a-t-il souligné, condamnant « l’émergence de slogans clairement en faveur de Poutine ».