La discussion sur les problèmes migratoires refait surface en France, à la lumière des remarques récentes de Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l’intérieur, concernant le « chaos migratoire » et le meurtre d’une étudiante, dont le suspect est un Marocain en situation illégale. Ces commentaires sont venus après la mort de douze individus suite au chavirement de leur navire dans La Manche le 3 septembre, et huit autres décès le 15 septembre. À la suite de ces incidents, l’ex-ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, qui avait démissionné, avait demandé un nouveau pacte migratoire entre le Royaume-Uni et l’UE, dans l’optique de renégocier particulièrement les aides financières que la Grande-Bretagne fournit à la France pour contrôler l’immigration illégale.
La position du nouveau gouvernement travailliste britannique reste incertaine. Cependant, il a déjà manifesté son intérêt pour la politique de Giorgia Meloni, la dirigeante d’extrême droite italienne, qui propose de déléguer la gestion de l’immigration à des pays tiers, tels que l’Albanie.
Il demeure à savoir quelle position adoptera Bruno Retailleau, connu pour sa rigueur en matière de migration, et s’il continuera à suivre la stratégie de faire payer le voisin du Nord, tout comme l’Albanie, pour gérer les migrants et les réfugiés.
Cependant, peu importe les stratégies futures, il est évident que les politiques migratoires ont échoué, que ce soit au niveau du Royaume-Uni, de la France ou de l’Europe en général. Le Royaume-Uni avait pour objectif de reprendre les rênes de ses propres frontières avec le Brexit. Pourtant, malgré l’introduction de politiques de plus en plus strictes, comme l’échec du projet d’accord britannico-rwandais sur l’immigration, la nouvelle législation française sur l’immigration qui a été mise en place en janvier 2024, ou le pacte européen sur l’immigration et l’asile, adopté en mai 2024, les traversées de la Manche continuent d’augmenter. D’après le ministère britannique de l’Intérieur, le nombre de traversées a augmenté de 15 000 en 2021 à 45 000 en 2022.
Le cycle destructif est le même depuis toujours. Suivant une logique typique de prohibition, ces stratégies de contrôle des flux migratoires ne parviennent pas à stopper les réfugiés et les migrants, mais les poussent plutôt vers l’illégalité. En conséquence, les coûts demandés par les passeurs et intermédiaires augmentent, incitant davantage les candidats à l’immigration à prendre des risques de plus en plus élevés. En plus du coût humain et économique de cette approche, cela donne l’impression d’une immigration hors de contrôle, ce qui justifie davantage de politiques restrictives.
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