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La migration domine les législatives

Sur la Reumannplatz au coeur de Favoriten, le quartier le plus diversifié et apprécié de Vienne, Ruth Wodak, connue mondialement pour ses évaluations du langage politique de l’extrême droite, mène campagne pour le Parti social-démocrate autrichien (SPÖ) le 18 septembre. Elle déclare qu’il est essentiel d’empêcher la « forteresse Autriche », en se référant à la devise anti-immigration du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, extrême droite), qui vise à « mettre fin au droit d’asile » et qui est actuellement favorisé dans les sondages pour les élections législatives prévues le dimanche 29 septembre.

Les tracts qu’elle distribue, imprimés depuis son ordinateur personnel et promouvant le SPÖ, ne rencontrent qu’un faible intérêt auprès des nombreux étrangers aux prises avec l’allemand qui, de toute façon, ne peuvent pas voter. Ils ne suscitent pas non plus l’enthousiasme de quelques hommes affaissés sur un banc, visiblement sous l’influence de drogues. Wodak se dit consternée par ceux, d’origine polonaise ou de l’ex-Yougoslavie, qui se prétendent honnêtes travailleurs ne souhaitant pas de Syriens car ce sont des musulmans. Elle tente cependant de mettre en valeur le programme du SPÖ qui prône un investissement accru dans l’éducation et facilite l’intégration des étrangers.

La situation actuelle illustre parfaitement les nombreux défis auxquels la social-démocratie autrichienne, tout comme ses homologues européens, a dû faire face concernant la question migratoire. Situé à une courte distance de marche de la gare principale de Vienne et à seulement cinq arrêts de métro de la célèbre cathédrale Saint-Étienne, le Reumannplatz est un quartier cosmopolite, où vivent des individus provenant de plus d’une centaine de pays. Ce n’est pas un « quartier à risque », avec de nombreux espaces verts, des familles qui s’y promènent et son célèbre glacier, le plus connu de la capitale autrichienne.

Néanmoins, pour une grande partie de la population autrichienne, plus particulièrement dans les zones rurales, ce lieu est devenu le symbole d’un pays qui peine encore à surmonter la crise migratoire de 2015. Au printemps, des affrontements armés de couteaux ont eu lieu à plusieurs reprises entre des groupes de jeunes d’origine syrienne et tchétchène, remettant en question le calme habituellement associé à l’ancienne capitale des Habsbourg. Herbert Kickl, le chef du FPÖ, s’est servi de ces incidents pour décrier la prétendue « islamisation depuis 2015 » et alimenter la crainte du « grand remplacement ». Cette théorie conspirationniste et raciste, popularisée par les milieux identitaires, prétend que les musulmans vont bientôt supplanter les populations « blanches » et chrétiennes.

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