Dans le dynamique quartier de la Plaine à Marseille, le bar associatif lesbien historique Aux 3G est sur le point de fermer ses portes le 5 octobre, après avoir servi loyalement pendant 28 ans. Équipé d’un comptoir, d’un espace réservé aux DJ et de quelques banquettes, le bar ne laisse que le strict nécessaire pour une ultime soirée.
Sylvie Gaume, vieille militante de gauche à l’âge de 63 ans, a fondé le bar en 1996 avec trois de ses amis : Laurence Chanfreau, Dominique Lenfant et Agnès Royon-Lemée. L’objectif était de créer un lieu pour leur communauté. Elles ont donc transformées un ancien entrepôt de fruits en le dotant d’électricité et en coulant une dalle de béton.
Le succès du bar Aux 3G a été instantané et il est rapidement devenu un véritable lieu d’échanges et de vie. Il a accueilli une multitude d’événements, des soirées électorales aux concerts, en passant par des ateliers d’œnologie et des soirées blanches où, comme le rappelle Sylvie Gaume, on pouvait « jouer les stars comme Eddie Barclay ». Chaque année, il organisait quatre fêtes qui marquent les esprits, en particulier la soirée plage de juillet 1997 où la piste de danse était recouverte d’une tonne de sable, apportée par une adhérente employée dans le secteur du bâtiment. La renommée de ce bar dépasse largement les frontières de la ville.
Ce café était un lieu de diversité sociale, qui était assez inhabituel à ce moment-là. « Cela m’a offert l’opportunité de rencontrer des individus de diverses strates sociales », déclare Dominique Lenfant. « Il y avait, par exemple, une femme chirurgienne parmi nos clientes qui avait besoin de son whisky systématiquement. Nous la laissions commander dans les bars voisins comme nous n’avions pas de permis pour cet alcool, et ensuite, elle revenait dans notre établissement », ajoute Agnès Royon-Lemée.
Tandis qu’elles gardaient un œil sur les 3G, les quatre pionnières ont peu à peu abandonné le conseil d’administration, au début des années 2000, pour passer la relève à de nouvelles membres. Les équipes se succèdent et le bar s’agrandit. Le café est populaire non seulement à Marseille, mais il attire également les visiteuses d’Aix-en-Provence, de Toulon et même des États-Unis, de l’Australie et de la Syrie qui viennent festoyer Aux 3G.
Cependant, vingt ans après, la fréquentation diminue, le nombre de membres est réduit de moitié et les bénévoles sont de plus en plus rares, d’autant plus que l’organisation ne peut plus payer de salariés. À plusieurs reprises, le café est sur le point de fermer. « Je comprends que les fondatrices soient épuisées, mais qu’elles n’ont pas préparé de relève, c’est surprenant », se demande Anne Vial, membre du Printemps Marseillais ouvertement lesbienne, qui se souvient d’avoir contribué à l’insonorisation du bar en 1996 avec des boîtes à œufs.
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