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Voyage vélo-kayak de Félix

Tous les enfants ont déjà imaginé cela : créer une bicyclette qui pourrait également servir de bateau ; un vélo capable de se déplacer sur l’eau tout comme sur la terre. Il y a cinq ans, Félix Billey a réalisé ce rêve alors qu’il étudiait à l’Ecole nationale supérieure des technologies et industries du bois à Epinal.

Depuis, il voyage à travers les chemins de France dans son véhicule inhabituel : un vélo récliné placé à l’intérieur d’un kayak en bois. L’engin, équipé de roues à pales, remorque un petit espace de vie de 2 mètres de long, fabriqué à partir de matériaux recyclés tels que le bambou, le contreplaqué, le polystyrène et le tapis de sol. L’espace intérieur se réduit à un matelas, un petit poêle qui sert également de cuisinière, et pas grand-chose d’autre. « Certains pourraient percevoir cela comme un vélo qui tire une caravane, mais moi, je le vois comme une maison mobile », explique le trentenaire, dont le mode de vie se résume en une phrase : « Je vis en étant sans cesse en voyage ».

En 2019, Félix Billey originaire de Besançon a voyagé plus de 3 000 kilomètres à vélo, traversant diverses régions comme le Jura, la Savoie, la Suisse, l’Ardèche, la Lozère et l’Allier. Il a maintenu une vitesse de 8 kilomètres à l’heure, ce qui l’a obligé à emprunter des routes secondaires et des voies cyclables telles que la Loire à vélo. Il était accompagné d’une poule nommée Chépa 2 – la première, sa mère, Chépa 1, ayant été mangée par un renard en Isère. Billey n’a pas de parcours défini. Il peut rester au même endroit pendant une semaine ou changer de lieu du jour au lendemain, se diriger vers le nord ou le sud. Il laisse place au hasard, apprécie la lenteur et chérit sa liberté. Il n’a pas d’argent ni de carte de crédit et dépend de la générosité des passants qu’il rencontre sur son chemin.

« Partir sans rien »

« C’est une règle non-écrite, je ne demande jamais rien », déclare-t-il un après-midi près du terrain de pétanque de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher). Les gens qu’il rencontre lui offrent ce qu’ils peuvent – une boîte de pâté, un pot de confiture. Certains vont jusqu’à l’inviter chez eux ou au restaurant. Lors des soirs de disette, l’œuf pondu presque chaque jour par Chépa 2 est son seul repas, sinon du pain dur destiné à la poule.

Le marcheur solitaire, à l’empreinte écologique presque nulle, affirme qu’être dans une situation de besoin est une opportunité. Cela lui permet d’apprécier encore plus les petites choses. Son voyage ne se retrouve pas sur Instagram, se produisant davantage sur le goudron qu’en mer. Seul un ancien téléphone, avec un forfait de vingt ans payé par ses parents, le garde en contact avec son ancien mode de vie.
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